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domination française

C’était, à d’autres points de vue, une ville peu ordinaire que la jeune capitale au commencement du dix-huitième siècle. Le judicieux Père Charlevoix écrivait en 1720 : « On ne compte guère à Québec que sept mille âmes ; mais on y trouve un petit monde choisi où il ne manque rien de ce qui peut former une société agréable. Un gouverneur-général avec un état-major, de la noblesse, des officiers et des troupes : un intendant avec un Conseil supérieur et les juridictions subalternes ; un commissaire de marine, un grand prévôt, un grand voyer, et un grand maître des eaux et forêts dont la juridiction est assurément la plus étendue de l’univers ; des marchands aisés ou qui vivent comme s’ils l’étaient ; un évêque et un séminaire nombreux ; des Récollets et des Jésuites, trois communautés de filles bien composées, des cercles aussi brillants qu’il y en ait ailleurs : voilà, ce me semble, pour toutes sortes de personnes de quoi passer le temps fort agréablement.

« Ainsi fait-on, et chacun y contribue de son mieux. On joue, on fait des parties de promenades, l’été en calèche ou en canot, l’hiver on traîne sur la neige ou en patins sur la glace. On chasse beaucoup ; quantité de gentilshommes n’ont guère que cette ressource pour vivre à leur aise. Les nouvelles courantes se réduisent à bien peu de choses, parce que le pays n’en fournit presque point et que celles de l’Europe arrivent toutes à la fois, mais elles occupent une bonne partie de l’année ; en politique sur le passé, on conjecture sur l’avenir ; les sciences et les beaux-arts ont leur tour, et la conversation ne tombe point. Les Cana-

    recommanda au régent, en 1716. de fortifier Québec, car, cette ville prise, le Canada était perdu. Après quelques délais, les travaux furent continués, en 1720. sur des plans donnés par M. Chaussegros de Léry, ingénieur, et approuvés par le ministère de la guerre. — F.-X. Garneau, Histoire du Canada.