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le fort et le château saint-louis

dire par rapport à ceux-ci, puisque, sur neuf enfants, quatre étaient morts jeunes, et que l’aîné put être accusé d’avoir, en 1704, par un sentiment exagéré d’humanité, forfait jusqu’à un certain point à l’honneur national en conseillant à une année française de se rendre à l’ennemi ; mais il est plus difficile de découvrir la cause des insinuations peu bienveillantes de Saint-Simon à l’égard de la marquise. Laissons à l’auteur des Mémoires la responsabilité de ce qu’il avance et que l’impartialité nous fait un devoir de signaler. La seule accusation que nous ayons trouvée contre elle porte sur un fait qui ne pouvait en rien contribuer au malheur du marquis ; bien au contraire. La voici, telle qu’elle est formulée par l’auteur d’un mémoire anonyme sur les événements du Canada, adressé, de ce pays, au Roi, le 30 octobre 1688, — mémoire qui, du reste, n’est tout entier qu’un réquisitoire violent contre le marquis de Denonville :

« Je ne veux pas tout dire ; mais j’ajouterai seulement un article sur lequel vous trouveriez peut-être étrange que je ne vous dise rien, savoir si Monsieur le Gouverneur fait quelque commerce. Je vous dirai que non ; mais que Madame la Gouvernante, qui est d’humeur à ne pas négliger l’occasion du profit, a fait, jusqu’à la fin de l’hiver dernier, tenir dans le Château de Québec une chambre, pour ne pas dire une boutique, pleine de marchandises, et trouvé moyen, après cela, de faire une loterie pour se défaire du rebut qui lui était resté, et qui lui a plus produit que sa bonne marchandise. » (Archives des colonies.)

« Quoi qu’il en soit de ces accusations, il est certain que si madame de Denonville paya son tribut à l’imperfection humaine, elle sut racheter ses défauts par des qualités esti-