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Ensuite vint l’installation de la centrale électrique destinée à faire mouvoir les machines-outils que lui et ses savants imaginèrent. La grande difficulté fut le combustible. La houille manquait. Par contre, on trouva assez bien de pétrole. Il mit donc à profit l’abondance des bois de ses forêts pour produire du charbon de bois, lequel, joint à la sciure et aux résidus du pétrole, lui donna un aggloméré d’une puissance calorique extraordinaire.

Six mois après l’arrivée des savants, les usines fonctionnaient.

La difficulté du début pour la frappe de la monnaie, fut la répugnance de Defrennes à faire le faux monnayeur.

Mais Lucien lui faisant entrevoir le but patriotique qu’il avait, le dommage minime qu’il causait, car en somme il ne lésait personne en frappant de la monnaie d’un si bon aloi, le convainquit bientôt.

Les louis d’or, les livres sterling, bien d’autres monnaies usuelles furent frappées. L’or partait de Punta Arenas à bord d’un vapeur acheté par Lucien et était délivré en France, à Bastin, tous les trois mois en plusieurs fois. On employait de préférence les marins, tous des Araucans. Ceux-ci débarquaient au nombre d’une vingtaine à terre et portaient autour de leur corps une centaine de mille francs, soit une trentaine de kilos.

Chaque descente comportait ainsi deux millions. En deux jours de temps vingt-cinq millions étaient débarqués.

Le capitaine, un Ostendais, en qui Lucien avait grande confiance et qu’il payait royalement, avait loué au Havre un cottage écarté dont Bastin avait aussi la clef.

Là, dans un caveau aménagé pour cet usage, on empilait les trésors que Bastin venait ensuite chercher dans une automobile au fur et à mesure de ses besoins.

Comme l’or envoyé avait déjà subi une préparation lui donnant un aspect usagé, il avait renoncé à installer des maisons de change en province. Une banque avait été montée et il payait toutes les fournitures de Lucien, en or. Quant au surplus, il le versait directement à la Banque de France au nom de Lucien.

Le vapeur « Herstal », comme l’avait dénommé Lucien, embarquait du chargement pour Punta-Arenas, puis allait en Angleterre, où le même manège recommençait.

En quatre ans, Lucien était parvenu à avoir un compte créditeur de 100 millions à la Banque de France, de 300 millions à la Banque d’Angleterre et 300 autres millions répartis entre vingt banques différentes. De plus, il avait fait faire des virements aux Banques de Bel-