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L’obscurité de la nuit empêchait de se rendre compte du nombre approximatif d’hommes qui prenaient part au mouvement, mais le généralissime, d’accord avec le général Torres qui commandait le centre, supposa que l’ennemi essayait un mouvement tournant et avait par conséquent mis beaucoup plus d’hommes aux extrémités qu’au centre.

Il fit donc déplacer l’artillerie vers les deux bouts en conservant mille mitrailleuses pour soutenir l’attaque de front.

En outre, et pour riposter par une contre-attaque, il fit opérer à sa cavalerie un vaste mouvement destiné à envelopper lui-même l’ennemi. Il savait que celui-ci ne disposait pas de chevaux et il présuma ainsi pouvoir gagner de vitesse sur lui.

Ces ordres donnés, il s’avança vers le centre avec son état-major. Quand il y parvint, les premiers coups de feu commençaient à être tirés, les mitrailleuses commençaient à crépiter.

Les Araucans ne tiraient qu’à balles de fusil, mais dès qu’un projectile atteignait un argentin, l’effet en était terrible : l’homme touché était un homme mort, les chairs s’éparpillaient déchiquetées par la violence de l’explosion. Toute blessure était mortelle.

Ils parvinrent ainsi à deux cents mètres des Argentins ; à ce moment-là une nuée d’avions ennemis, armés de projecteurs, qui lançaient une lueur aveuglante, fit son apparition au dessus du champ de bataille ; il y en avait des centaines qui évoluaient entre 3 à 400 mètres de hauteur. Le général Torrès donna ordre aux mitrailleuses de tirer sur eux, la distance lui semblant propice.

Malgré la violence du feu, pas un ne fut abattu, bien au contraire ils descendirent jusqu’à 200 mètres et commencèrent à tirer des coups de fusil sur les Argentins, de préférence sur les servants des mitrailleuses, qui tombaient à tour de rôle, mortellement blessés ou morts sur le coup.

Les Araucans avançaient par bonds et se trouvèrent bientôt à 100 mètres de distance. Les hommes qui tombaient étaient immédiatement recueillis et portés vers l’arrière, d’où des avions les transportaient à 100 kilomètres plus loin ; des médecins indiens, maîtres dans l’art de guérir les blessures par les plantes, les soignaient immédiatement.

Une heure après le début de la bataille, les mitrailleuses ne crépitaient plus, presque tous ses servants gisaient morts sur le champ de bataille ; seule l’infanterie continuait à tenir. Au fur et à mesure que les hommes tombaient, ils étaient remplacés par d’autres.

Le front de bataille avait 2000 mètres au centre. Dans cet espace on pouvait compter, deux heures après le début de l’action, des milliers de cadavres. Les Argentins se servaient de ceux-ci pour s’abriter contre les balles mais, bien qu’ils ne fussent qu’à 50 mètres de l’ennemi, ils