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Les troupes de l’inca voyaient bien tout cela, mais ordre leur avait été donné de laisser avancer et de ne pas faire sauter les mines dont le fleuve était parsemé.

Celles-ci étaient placées principalement contre les bateaux qui amèneraient des troupes ou du matériel.

Les choses en étaient là quand Lucien arriva.

Le colonel Nogi avait mis à profit le répit des opérations, pour faire abattre toute la forêt en arrière, sur un espace de 500 kilomètres carrés, soit 17 de long sur 30 de fond, environ. Les arbres avaient été sciés assez près de la racine, pour ne pas permettre aux assaillants de s’abriter en tirant. Selon la méthode japonaise, employée à Moukden et ailleurs, il avait tendu des pièges : des excavations, masquées par du feuillage, bref il employa toutes les ruses de guerre lui permettant de tirer profit d’un terrain préparé à l’avance. Tout à coup parvint la nouvelle, captée par les appareils du sans fil, que l’armée du Nord était à une journée de marche de Tavajos. Le général Brito de Guimaraes se décida alors à l’attaque, comptant sur les arrivants pour achever la défaite qu’il comptait infliger aux troupes de l’inca. Il envoya des éclaireurs qui lui apprirent l’existence du terrain préparé par Nogi. Tant mieux, dit-il à ses officiers, j’aime mieux une bataille rangée, que des embuscades derrière des arbres.

Deux cent cinquante mille hommes ainsi que les 500 canons et 2500 mitrailleuses, franchirent le Tavajos. Le reste devait suivre à dix heures d’intervalle. Ils parvinrent à la plaine artificielle vers huit heures du soir et y campèrent pour la nuit.

Lucien aurait pu les attaquer à ce moment, mais se rendant compte qu’il n’avait devant lui qu’une partie des troupes, il préféra attendre le passage du Tavajos par le reste. Il laissa donc tranquille, les arrivants.

À l’aube, on lui signala le passage des 250 000 autres avec 1500 mitrailleuses. Ces troupes parvinrent vers 5 heures du matin. Lucien donna aussitôt ordre aux avions de détruire les ponts jetés sur le Tavajos, ce qui fut accompli vers cinq heures et demie.

Alors il se démasqua aux Brésiliens en commençant le feu avec ses 4000 canons. Ceux-ci ripostèrent avec les leurs, mais les avions firent leur besogne de destruction et anéantirent les servants.

Le généralissime s’était vite rendu compte du traquenard qui lui avait été tendu, aussi fit-il rebrousser le génie pour reconstruire les ponts, dans le cas d’une retraite, mais les avions veillaient. Au fur et à mesure que les pontonniers arrivaient à la rive, ils étaient abattus par les fusiliers.

Informé de ce fait, le général Brito de Guimaraes prit la résolution d’effectuer une trouée en tous sens avec ordre aux troupes de se replier vers la rive si on ne parvenait pas à enfoncer le cercle indien.