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régime, elle renonça au salut de son âme, préférant le bien-être de son corps.

Le seul régal des filles repenties consistait le dimanche en une portion de lapin, et la pauvre Pigeonnier avait pour le lapin une répulsion qui datait de ses débuts dans la vie théâtrale. Elle n’en avait que trop mangé.

Lasse de se repentir, l’impatiente Madeleine s’évada de cet enfer dans lequel elle devait gagner le paradis.

Elle se réfugia chez un juif qui avait tenté de la dissuader de ses velléités religieuses ; il lui ouvrit sa porte et ses bras ; il la consola, et pendant quelque temps chez lui elle se refit l’estomac légèrement abîmé par les privations du couvent.

Son protecteur n’était pas juif pour rien, et ce serait lui faire injure que de croire à son désintéressement.