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ceté ses camarades en scène, les blessant au foyer et les débinant dehors.

Aux répétitions, elle ne savait quoi inventer pour nuire aux artistes qui jouaient avec elle ; il ne devait y avoir d’effets que pour elle ; lorsque pendant une scène elle sentait qu’un mot devait porter, ou qu’un comédien pouvait être applaudi, elle s’irritait et exigeait un changement.

— « Ça me gêne, criait-elle, ça me gêne, je ne veux pas de ça. »

Chaque fois que dans un théâtre on avait eu la faiblesse de lui laisser prendre un doigt d’autorité, elle opposait son veto à tout ce qui ne lui plaisait pas, et quand elle avait lâché son : « Ça me gêne », il fallait s’incliner sous peine de voir sauter la toiture.

Je ne me donnerai pas la tâche d’analyser la comédienne : c’était la négation absolue de l’art, et c’en était aussi la honte.

Elle disait faux, la physionomie était plate et ridicule, son regard distrait ; quant à sa démarche, elle rappelait son aventure du comte aux 3,000 francs, ce qui ferait sup-

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