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poser que le comte ne fut pas le seul à passer par là.

La chasse à l’homme était au fond ce qui la nourrissait le plus régulièrement ; elle prenait le gibier, sans permis, avec une audace de vieux braconnier, au nez de la gendarmerie, flairant de loin l’étranger de passage, enfin se contentant de recueillir quelque bon pochard égaré plutôt que de rentrer bredouille. Aux boulevards extérieurs, cela s’appelle l’amour au poivrier.

La concierge voulait lui faire donner congé, parce qu’elle faisait de la maison un asile de nuit.

Au théâtre, elle continuait à compromettre les pièces dans lesquelles on avait la faiblesse de lui confier un rôle un peu marquant. On se souviendra toujours des deux vestes formidables qu’elle fit remporter à des auteurs par sa façon grotesque de se démener dans les scènes dramatiques.

Elle fut un instant si ridicule cabotine que cela fît du tort à son commerce de galanterie.