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Page:Gaius - Domenget - Institutes, 1866.djvu/25

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Au surplus, les magistrats ne dérogeaient pas ouvertement à la loi ; ils en tempéraient l’exécution au moyen de fictions habiles, à l’aide desquelles ils substituaient l’équité à la sévérité de l’ancien droit.

Le droit honoraire se forma peu à peu. Dans l’origine, les magistrats se bornèrent à poser, à leur entrée en charge, quelques maximes comme devant servir de base à leur conduite. Plus tard, ils en vinrent à établir un droit distinct. Jusqu’à l’année 687 de Rome, le magistrat qui avait rendu un édit pouvait y déroger par un autre qu’on appelait repentinum ; mais la loi Cornelia voulut que les édits fussent perpétuels, c’est-à-dire qu’ils ne pussent être changés pendant toute la durée de la magistrature de leur auteur. Il arriva même que les successeurs se bornèrent souvent à reproduire l’édit de leurs prédécesseurs, avec ou sans changements.

Le préteur Salvius Julianus, qui vivait au temps d’Adrien, résuma en un seul édit tous les édits précédents. L’édit de Julien fut approuvé par le sénat, et l’on ne connaît aucune modification au droit prétorien qui soit postérieure à cette époque.

§ 7. Les réponses des prudents sont les sentences et opinions de ceux auxquels il est permis de fonder le droit. Si tous leurs avis concourent et n’en font qu’un, cette décision unanime obtient force de loi ; mais, si les avis diffèrent, il est permis au juge de faire un choix entre tous : cela ressort d’un rescrit du divin Adrien.

Dès que Rome eut des lois, les jurisconsultes les interprétèrent, et leur doctrine, adoptée et confirmée par l’usage, eut, sous la république, une autorité d’opinion que le magistrat consultait sans doute, mais qu’il n’était pas tenu de suivre. Auguste voulut qu’un nombre limité de prudents pût seul prononcer d’une manière officielle. Adrien alla plus loin il ordonna que le juge fût tenu de suivre l’avis des jurisconsultes, s’il était unanime. Il est à croire que ce pouvoir