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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xxiii-xxiv.



Chapitre xx. — De l’utilité du nombre des doigts.


Il me reste, pour achever mon premier livre, à parler de l’utilité du nombre et de l’inégalité des doigts, et alors je m’arrêterai. Cela n’est pas difficile à trouver si nous considérons l’utilité que nous retirons de la disposition actuelle. Si les doigts étaient moins nombreux qu’ils ne le sont, ils eussent rempli plus imparfaitement la plupart de leurs fonctions, tandis que nous n’avions besoin pour aucune d’elles qu’ils fussent plus nombreux. Vous reconnaîtrez facilement qu’ils eussent compromis plusieurs de leurs fonctions s’ils avaient été moins nombreux, en examinant chacun d’eux par le raisonnement. Certes, en supprimant le pouce[1], nous supprimerions tous les autres dans leur puissance, car sans celui-là aucun ne pourrait rien faire de bien. L’index et le médius, comme venant après le pouce par leur position, viennent aussi après lui pour leur utilité ; car la préhension des petits objets, presque tout ce qui tient à l’exercice des arts, et les ouvrages dans lesquels il faut recourir à la force, réclament évidemment leur emploi. Les doigts qui viennent après celui du milieu ont une utilité moindre que les autres, mais elle apparaît clairement quand il faut envelopper circulairement l’objet saisi, car si l’objet est petit ou liquide, il faut fléchir les doigts et les serrer de tous côtés autour de lui. Dans cette opération le pouce est le plus utile de tous, étant fait pour recouvrir tous les autres[2] ; le second doigt (index) vient après lui par sa puissance. S’il faut saisir un objet dur et volumineux, on doit l’embrasser en écartant le plus possible les doigts les uns des autres. Dans ce cas, les doigts étant nombreux, embrassent mieux l’objet en multipliant les points de contact. Il a été, je pense, établi plus haut (chap. xix) que les mouvements latéraux des doigts sont très-efficaces pour ces fonctions ; le grand doigt se portant en dedans et tous les autres en dehors par un mouvement de circumduction, il arrive que de cette façon le volume du corps est circonscrit de tous côtés en cercle ; et si le cercle est complet, il est évident qu’un plus grand nombre de doigts serait superflu ; en effet

  1. Voy. chap. xxii, et la note 1, p. 162.
  2. Voy. la fin du chap. xxi, p. 161, et le chap. xxiv, p. 166.