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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, ii.

sieurs doigts, mais encore ces doigts sont armés d’ongles vigoureux et crochus, car ils devaient ainsi et saisir plus vite la proie ; et la retenir plus facilement ; mais il n’est pas d’herbivores aussi courageux que les carnassiers.

Cependant, comme en plus d’une circonstance, le cheval et le taureau montrent beaucoup de courage, ils sont armés, l’un de sabots, l’autre de cornes. Quant aux animaux tout à fait timides, ils ne sont pourvus ni de sabots, ni de cornes pour se défendre ; ils ont seulement le pied fourchu, aussi paissent-ils en baissant la tête. Quant aux carnassiers, ils se servent des pieds antérieurs en guise de mains[1] pour retenir la proie qu’ils ont saisie à la chasse et pour porter la nourriture à leur bouche. Si avec leur corps nerveux et vigoureux, ils avaient le pied affermi par un sabot solide, ils seraient, à la vérité, beaucoup plus rapides qu’ils ne sont actuellement ; mais les avantages qu’ils retirent de leurs jambes et que je signalais, avantages bien plus nécessaires, leur feraient défaut.

Comme les animaux privés de sang sont plus froids par tempérament et que, par conséquent, ils manquent tout à fait de force et de vivacité dans leurs mouvements, ils ont des jambes petites et nombreuses ; petites, parce qu’ils sont incapables de porter de gros fardeaux et de les changer de place ; nombreuses, parce qu’elles sont petites. La rapidité de la marche résultant, en effet, du nombre ou de la grandeur des jambes, les animaux privés de grands membres à cause de leur propre nature, ne pouvaient trouver de compensation que dans le nombre, Aussi quelques animaux, par exemple l’iule et le scolopendre, ont-ils un corps extrêmement allongé, la prévoyante nature ayant ainsi ménagé un espace étendu pour l’insertion d’un nombre considérable de pattes ; mais chez les animaux qu’elle pouvait douer, sinon de grosses jambes, du moins de jambes longues et grêles, par exemple chez les sauterelles et les grillons, elle n’avait pas besoin de multiplier ces organes.

On trouve dans Aristote (Hist. anim., IV, i, seqq.) une longue

  1. Voy.liv. VIII, chap. i, et cf. Aristote (Hist. anim., II, i, sect. 1, § 2, p. 17 ; Part. anim., II, xvi, l. 33-40, p. 248, et IV, x, p. 288 à 289, éd. Bussem.), que Galien suit et paraphrase.