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DU MEMBRE ABDOMINAL.

et belle dissertation sur la différence que présentent les animaux privés de sang.

Quant aux animaux pourvus de sang, qui marchent et qui ressemblent le plus à l’homme, ils ont tous reçu quatre pieds, lesquels ont été créés dans l’intérêt de la vitesse et de leur protection ; et même chez les animaux farouches ces pieds remplissent en outre quelquefois l’office de mains (voy. p. 222 et note 1). J’ai assez parlé des avantages que les pieds, tels qu’ils sont conformés pour la course, ont, chez les animaux farouches, pour la chasse et pour la préhension de la nourriture. Si on veut se convaincre qu’il y a bien plus de sécurité pour ces animaux dans la marche sur quatre pieds que dans la station verticale bipède [avec absence de mains], il suffit de réfléchir que les parties contenues dans le ventre et dans la poitrine sont bien plus facilement lésées que celles du rachis (voy. XII, x et xi), et que, dans la manière actuelle de marcher des animaux dont il s’agit, les parties les plus délicates sont cachées et protégées par des parties superposées, tandis que ce sont les parties moins délicates qui sont exposées aux chocs et qui font saillie ; dans la station bipède, au contraire, les parties renfermées dans le ventre, loin d’être couvertes et abritées, sont nues, sans protection, exposées de toutes parts. Les animaux n’ayant à leur service ni les mains, ni l’intelligence dont l’homme dispose, il fallait qu’un moyen de protection extérieur fut placé en avant de leur ventre et de leur poitrine pour remédier à la faiblesse naturelle des organes qui y sont contenus. Ainsi il était mieux que les animaux pourvus de sang fussent quadrupèdes, et que les animaux privés de sang fussent polypèdes ; pour des motifs contraires, il était préférable que l’homme fut bipède, puisqu’il n’avait pas besoin de jouir des avantages que les autres animaux retirent du nombre de leurs jambes, et qu’il eût été gêné dans beaucoup de ses actes s’il n’avait pas joui de la station bipède. Il est vrai que les oiseaux sont également bipèdes[1] ; mais l’homme est, de tous les animaux, le seul

  1. Aristote (Part. anim., IV, xii, p. 298, l. 26), dit : « Les oiseaux ont deux jambes comme les hommes, mais elles sont brisées d’avant en arrière comme chez les quadrupèdes, et non d’arrière en avant, comme chez l’homme (cf. Hist. anim., II, i, sect. 1, §§ 4 et suiv., p. 18, éd. Bussem.) ; leurs ailes se fléchissent d’arrière en avant, comme les jambes de devant chez les quadrupèdes [de sorte