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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

Quant à la rate qui tire à elle les matériaux épais et terreux, la nature eût bien voulu aussi la fixer vers ces portes, où le résidu atrabilaire devait être entraîné par son propre poids ; mais il n’y avait pas de place vacante, l’estomac s’étant hâté de l’occuper tout entière. Un large espace restant libre au côté gauche, elle y a logé la rate, et des parties concaves de ce viscère (scissure de la rate), tirant une espèce de conduit, qui est un vaisseau veineux (veine splénique), elle l’a étendu jusqu’aux portes (sillon de la veine porte)[1], de façon que le foie ne fût pas moins purifié que si la rate eût été placée près de lui, et qu’au lieu d’entraîner le résidu à travers un long canal, elle l’attirât par un canal très-court. L’humeur (χυμός) préparée dans le foie pour la nourriture de l’animal, quand elle a déposé les deux résidus mentionnés et subi une coction complète par la chaleur naturelle, remonte déjà rouge et pure à la partie convexe du foie, montrant par sa couleur qu’elle a reçu et qu’elle a assimilé à sa partie liquide une portion du feu divin, comme a dit Platon[2].

    canaux qui attirent ; les veines courtes et les uretères sont les canaux qui expulsent, les veines courtes déversent dans l’estomac les résidus que la rate ne peut pas s’assimiler (voy. V, iv, fine), et les uretères portent dans la vessie la surabondance de la partie aqueuse du sang. — Quand Galien dit que ces deux espèces de conduits sont placés de chaque côté de la cavité, il faut aider un peu à la lettre du texte et admettre que, par l’expression ἐκατέρωθεν τῆς κοιλότητος, il a entendu que ces canaux se dirigent dans deux sens opposés par rapport à la cavité. Ainsi les canaux hépatique et cholédoque, eu égard à leur direction, peuvent être considérés comme deux branches de bifurcation du canal cystique ; et par conséquent ils sont placés à peu près de chaque côté de la vésicule. La veine splénique est à peu près horizontale et les veines courtes en partent à angle aigu, ouvert en haut et à droite. Une disposition analogue existe pour les veines émulgentes et les uretères, seulement l’angle est ouvert en bas. Voy. du reste la Dissertat. sur l’anatomie.

  1. Galien admet qu’il y a des veines à double courant en sens inverse, et pour lui le tronc de la veine porte parait être de ce nombre ; de cette façon, il a pu faire arriver la veine splénique aux portes du foie ; ainsi le tronc de la veine porte serait moitié veine splénique et moitié veine porte proprement dite.
  2. Voici le passage de Platon dont j’emprunte la traduction à M. H. Martin (Études sur le Timée, p. 215 ; cf. les notes correspondantes) ; « Le feu divise les aliments, s’élève dans l’intérieur du corps en suivant le mouvement de l’expiration, et remplit les veines en s’élevant hors du ventre, dans lequel il puise les aliments divisés en petites parties : c’est ainsi que dans le corps entier de chaque animal se sont formés ces courants de la nourriture qui viennent l’arroser. Mais