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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, v-vi.



Chapitre v. — Comparaison de la veine cave à un aqueduc. — Utilité de la partie aqueuse du sang (sérum) ; elle sert de véhicule au sang proprement dit.


Cette humeur est alors reçue par une très-grande veine qui, née de la partie convexe du foie [par les veines hépatiques], se porte aux deux extrémités supérieure et inférieure de l’animal (veines caves)[1]. Vous diriez un aqueduc plein de sang, d’où s’échappent de nombreux canaux, les uns petits, les autres grands, qui se distribuent dans toutes les parties de l’animal. Dans cette veine, en effet, le sang est encore chargé d’une humidité (ὑγρότης) ténue et aqueuse, qu’Hippocrate appelle véhicule

    ces parties nutritives, nouvellement retranchées de substances qui tiennent, les unes de la nature des fruits, les autres de celle de l’herbe, et que Dieu a produites à notre intention précisément pour cet usage, c’est-à-dire pour nous nourrir, ont toutes sortes de couleurs à cause de leur mélange ; cependant la couleur qui s’y répand en plus grande abondance, c’est la couleur rouge, formée par l’action incisive du feu, qui s’imprime dans le liquide : c’est pourquoi la couleur du liquide qui parcourt le corps offre cet aspect que nous avons décrit ; et ce liquide, c’est ce que nous nommons le sang ; c’est lui qui nourrit les chairs et le corps entier, c’est en lui que tous les membres puisent de quoi remplir le vide formé par la fuite des parties qui sortent. Ces pertes et la nutrition qui les répare, ont lieu de la même manière que le mouvement de toutes choses dans l’univers, d’après lequel le semblable se porte toujours vers son semblable. »

  1. Rappelons ici quelques propositions qu’on trouvera développées et commentées dans les Dissertations sur l’anatomie et sur la physiologie. Pour Galien comme pour les modernes, le contenu de la veine porte se dirige des viscères abdominaux vers le foie ; mais suivant Galien, cette veine, qui elle-même part du foie, comme toutes les autres veines, transporte un aliment qui a déjà subi un commencement d’élaboration que le foie est chargé d’achever. — La veine cave naît des veines hépatiques ; elle se porte en haut et en bas et ne constitue en réalité qu’une seule veine, puisque l’oreillette droite n’en est qu’un diverticulum et, pour ainsi dire, une dilatation (voy. liv. VI, ix, xi, xv). La portion de la veine cave qui est au-dessus de l’insertion des veines hépatiques porte le sang dans les parties supérieures, en sorte que, pour Galien, c’est la partie ascendante, tandis que la portion située au-dessous de l’insertion de ces veines hépatiques porte le sang aux parties inférieures, et constitue par conséquent la partie descendante. Donc, pour Galien, la veine cave se comporte par rapport au foie comme l’aorte par rapport au cœur. — Quand Galien dit que la veine cave naît de la face convexe du foie, il entend que c’est plus particulièrement dans cette région qu’on trouve les grosses branches des veines hépatiques, car il savait très-bien que les ramifications de ces veines pénètrent dans tout le parenchyme et s’anastomosent avec celles de la veine porte.