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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, vii.

enlace spécialement l’orifice et les parties contiguës, et se ramifie sur le reste de ce viscère jusqu’à son extrémité inférieure.

L’estomac ne suit pas immédiatement la bouche, bien qu’il ait besoin d’elle pour recevoir les aliments ; mais la nature a placé d’abord[1] la partie qu’on appelle thorax et les viscères qu’il renferme, et cela afin que l’estomac eût à sa partie inférieure des voies d’écoulement pour le résidu des aliments, que tour à tour le thorax aspirant et expulsant l’air à travers la bouche, il devînt l’artisan de la voix et de la respiration. Il sera parlé plus au long, dans les livres suivants (VIe, VIIe et VIIIe), du thorax et des viscères qu’il renferme ; mais revenons à l’estomac : ce n’est pas seulement pour l’avoir établi au-dessous du thorax que la nature mérite des éloges ; elle en mérite bien plus encore pour l’avoir placé, non pas exactement au centre, entre les parties droites et gauches de l’animal, mais plutôt du côté gauche. En effet, comme elle devait le flanquer de deux viscères (le foie et la rate), qui ne sont égaux ni pour la grandeur, ni pour l’importance, elle a donné au plus grand et au plus important des deux une place à la fois plus grande et plus noble, et l’a établi au côté droit ; quant au second, comme il n’est qu’un émonctoire (ἐκμαγεῖον) de l’autre, elle l’a étendu au côté gauche de l’estomac. Le foie occupant une position élevée de manière à toucher le diaphragme, et la rate une position inférieure pour la cause indiquée plus haut (voy. chap. iv), la nature, avec raison, a dirigé vers la droite le fond de l’estomac, autrement cette place eût été inoccupée et complétement vide, le foie n’y parvenant pas. Telle a été la prévoyance qui a présidé à la disposition des trois organes : le foie, la rate et l’estomac. Telle est maintenant celle qui a ordonné leur figure, leur conformation générale, et de plus leur contexture et leur union avec les parties voisines :

L’estomac ayant été créé dans le but de recevoir les aliments et devant occuper tout l’espace situé entre le foie et la rate, présente avec raison une forme ronde et allongée. Il est sphérique, attendu que cette figure est la moins exposée aux lésions et offre la plus grande capacité ; car de toutes les figures qui ont le même périmètre, les plus grandes sont le cercle parmi les figures

  1. Προὔταξεν · c’est-à-dire elle a placé le thorax entre la bouche et l’estomac.