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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

planes, et la sphère parmi les solides ; il est allongé, parce qu’à sa partie inférieure il a un prolongement vers les intestins (duodénum), et qu’à sa partie supérieure il s’avance lui-même vers l’œsophage ; là où il rencontre les vertèbres, il se moule sur ces parties, et la régularité de sa convexité est altérée. Chez l’homme, le fond de l’estomac est plus large que son orifice, parce qu’il tend vers le bas, l’homme étant le seul animal qui jouisse de la station droite (voy. III, i, ii, iii). Chez les autres animaux, l’estomac incline en avant vers l’hypocondre qui, chez eux, est placé à la partie inférieure. — Voici un procédé qui vous rendra toute sa figure évidente : Supposez une sphère parfaite, représentez-vous-la aussitôt un peu élargie à sa partie inférieure, puis donnez-lui deux prolongements : l’un plus large, celui qui est du côté de l’œsophage ; l’autre plus étroit, celui qui se porte en bas ; ensuite comprimez cette sphère, déprimez sa convexité postérieure, et vous aurez sous les yeux la figure complète de l’estomac. Le reste est clair.

Mais quel est le motif de la différence que présentent les prolongements ? car, à l’extrémité supérieure, là où l’estomac lui-même est étroit, l’œsophage s’élargit, et à l’extrémité inférieure, là où l’estomac est large, le prolongement (duodénum)[1], qui se dirige vers les intestins, offre le plus d’étroitesse. N’est-ce pas pour les motifs suivants ? Les animaux avalent parfois des aliments non broyés, durs et volumineux qui, pour pénétrer, exigent qu’une large voie leur soit ouverte à travers l’œsophage ; au contraire, par la partie inférieure, rien ne doit passer qui soit gros, dur, non réduit en liquide et non soumis à la coction, et l’orifice

  1. Le duodénum était considéré tantôt comme un prolongement (ἔκφυσις) soit de l’intestin vers l’estomac, soit de l’estomac vers les intestins (voy. p. 329, note 3, et la Dissertation sur les termes anatomiques), mais ne faisant pas, à proprement parler, partie des intestins, et tantôt comme une partie même du canal intestinal. Galien adopte indifféremment dans ses descriptions, l’une et l’autre manière de voir ; aussi le mot ἔκφυσις est-il pris par lui tantôt dans un sens général, tantôt dans un sens propre, pour désigner la partie qui s’étend du pylore au jejunum, de même que στόμαχος signifie œsophage en particulier ou tout canal étroit. Dans la phrase qui nous occupe nous avons pour l’un et l’autre mot des exemples de ces deux acceptions. — De même encore Galien donne dans ce paragraphe au mot πυλωρός son sens générique et, dans d’autres passages, par exemple dans le Manuel des dissections, ce mot est le nom propre de l’orifice stomacho-duodénal (voy. p. 329, note 3, et, pour tout ce passage assez obscur, la Dissert. précitée).