Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
DES ORGANES ALIMENTAIRES.

cées au-dessous des veines de la partie concave, sachant que le voisinage du diaphragme communiquait à la partie convexe du foie un mouvement incessant [et, par conséquent, une chaleur suffisante]. Ces artères ont été créées très-petites, et c’est avec raison, car elles servent seulement à rafraîchir la partie concave du viscère ; elles ne doivent ni prendre du sang (lequel n’a pas encore rejeté ses impuretés), ni fournir au foie, comme à d’autres organes, un esprit vital abondant, ni nourrir son tissu avec un aliment ténu et vaporeux. Nous traiterons bientôt ce point avec plus de détail (chap. xv).

La nature n’a donné au foie qu’un très-petit nerf (voy. p. 308 et 314-5), car elle ne voulait pas en faire, pour l’animal, un principe ni de mouvement, ni de sensation. En effet, le foie, ainsi que les veines qui en partent, est le principe d’une faculté, et jouit d’une action analogue à celles que les plantes ont en partage (faculté végétative). Ceci a reçu ailleurs plus de développement (voy. liv. V, chap. ix et x), et il faut se souvenir d’un principe énoncé et démontré dès le commencement de ce traité (I, viii), c’est qu’on ne peut bien découvrir aucune utilité d’aucune partie avant de connaître la fonction de tout l’organe ; or, nous n’avons pas maintenant à démontrer les fonctions, mais, après avoir rappelé seulement celles que nous avons démontrées, nous leur donnons toujours pour corollaire ce qui regarde les diverses utilités. Ainsi donc, vous n’aurez plus de scrupule au sujet de la petitesse du nerf, si vous vous rappelez notre démonstration ; peut-être au contraire demanderez-vous dans quel but la nature a même donné au foie ce petit nerf. Car ce viscère étant le principe de la nature nutritive (fac. végétat. ou nutritive), comme est celle des plantes ne paraît en aucune façon avoir besoin d’un nerf. Faut-il l’appeler nature nutritive ou âme nutritive ? je laisse à décider ce point aux hommes habiles sur les mots seulement, et qui consument à cela toute leur vie, comme s’ils n’avaient pas à rechercher beaucoup de choses plus intéressantes, puisque ni l’un ni l’autre de ces termes n’éclaire le fait suffisamment. Observons en toute chose, et rappelons-nous toujours le précepte de Platon[1] :

  1. Politicus, p. 261 e. — Hoffmann (l. l., p. 71-2) a établi par une longue suite de citations, que Platon et Galien ne se montrent pas systématiquement