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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, xiii-xiv.

« Si nous négligeons les mots, nous parviendrons à la vieillesse plus riches de sagesse. »

Que le foie soit le siège d’une faculté semblable à celle qui régit les plantes, c’est ce que nous avons démontré ailleurs[1]. Cette faculté devait se joindre aux deux autres (facultés rationelle et animale) et n’en être pas absolument séparée, comme celles-ci ne sont pas non plus séparées l’une de l’autre. — Le foie, dit Platon[2], est une espèce de bête sauvage, et c’est une stricte obligation de le nourrir, si l’on veut perpétuer la race mortelle. La partie raisonnable qui constitue l’homme (cf. XVII, i), partie située dans l’encéphale, a l’irascibilité (θυμόν) pour serviteur, pour appui, pour défenseur contre cette bête sauvage. Au moyen des prolongements qui les unissent l’une à l’autre, l’artisan de notre corps les a disposées pour se servir mutuellement. — Mais ces considérations sont d’un ordre supérieur et divin, et nous les avons développées dans notre livre Sur les dogmes d’Hippocrate et de Platon (II, vi). Pour le moment, si vous répétez, comme je le disais tout à l’heure, que c’est pour maintenir dans le viscère l’égalité de température, que des artères viennent du cœur au foie ; qu’un nerf s’insère sur la tunique péritonéale (cf. p. 307-8) pour qu’il ne soit pas dénué de toute sensibilité, cette assertion paraîtra plus probable et plus claire au grand nombre. Si le foie ne devait pas éprouver la sensation que cause soit une inflammation, soit un abcès, soit une autre affection, il ne différerait aucunement d’un végétal. S’il ressent toutes ces affections d’une façon obscure[3] et non pas vive comme les autres parties du corps, c’est que le nerf étant petit est distribué sur la tunique

    contraires à la recherche des noms, quand ces noms peuvent servir à faire comprendre les choses.

  1. Voy. tout le livre VI des Dogmes d’Hippocrate et de Platon, et les extraits que j’en ai donnés dans ma Dissertation sur la physiologie de Galien. — Cf. Hoffmann, l. l., p. 72.
  2. Ce n’est pas du foie, mais de l’âme végétative qui y habite, que Platon (Timée, p. 70 e) dit que c’est une bête sauvage (θρέμμα ἄγριον). « Le Créateur, ajoute-t -il, l’a placée aussi loin que possible du cerveau, afin que l’âme délibérante ne fût ni distraite, ni troublée par les appétits grossiers de cette âme végétative. » - Voy. du reste dans la Dissertation précitée les extraits du traité des Dogmes d’Hippocrate et de Platon, auquel Galien renvoie un peu plus bas.
  3. Les modernes ont confirmé cette remarque sur le peu de degré de sensibilité du foie à l’état sain ou morbide.