Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, IV, xviii.



Chapitre xviii. — Le gros intestin est disposé de façon à retenir les excréments et par conséquent à empêcher la défécation incessante. — Les rapports avec les intestins grêles. — Du nombre des cœcums chez les oiseaux et chez les autres animaux.


Passons aux gros intestins. Si l’intestin grêle est disposé pour la distribution, s’il a été créé dans ce but bien qu’en même temps il élabore l’aliment et le pousse en avant, le gros intestin, de son côté, a été créé pour que l’expulsion des excréments ne fût pas trop précipitée. Cependant chez beaucoup d’animaux voraces dont l’intestin est droit, on peut voir qu’il ne va pas en s’élargissant à l’extrémité inférieure[1]. Mais ces animaux qui se repaissent toujours et se déchargent incessamment de leurs excréments, mènent, comme disait Platon (voy. chap. xvii), une existence tout à fait étrangère aux muses et à la philosophie. Les animaux d’un ordre supérieur et d’une structure achevée ne se repaissent, ni ne se déchargent de leurs excréments sans discontinuer. Nous avons montré (chap. xvii, p. 325-7) que les circonvolutions des intestins ont pour résultat de prévenir le besoin d’une introduction perpétuelle d’aliments. Si

    l’homme, manquant à Galien, il n’a pu noter chez le magot l’absence de l’appendice cœcal, la forme particulière du cœcum et son mode d’union avec l’intestin grêle. — Voy. Cuvier, l. l., p. 216-217) ; d’abord on voit le prolongement (duodénum) que l’intestin reçoit du pylore (cf. même livre, chap. v et xii, initio, chap. xiii, et voy. aussi Utilité des parties, IV, vii, p. 289, note 1) ; après ce prolongement qui a douze doigts d’étendue, comme le dit très-exactement Hérophile, l’intestin se replie de toutes les façons en circonvolutions parsemées d’une multitude de vaisseaux ; on appelle cette partie νῆστις (jéjunum) parce qu’on la trouve toujours vide d’aliments. La troisième partie (iléon), appelée spécialement intestin grêle, vient ensuite ; elle est semblable par la ténuité de ses parois à la partie précédente, mais elle en diffère en ce qu’elle n’est pas vide d’aliments et qu’elle n’a pas un aussi grand nombre de vaisseaux ; à la suite est l’intestin qu’on appelle borgne (cœcum), puis le colon, enfin on trouve l’intestin appelé ἀπευθυσμένον (rectum) et qui s’étend depuis le colon jusqu’au siège. » Si on rapproche ce chapitre du chap. xviii De l’utilité des parties, on verra que Galien a divisé et subdivisé les intestins exactement comme les modernes. — Voy. aussi V, ii, et la note correspondante.

  1. Cf. Aristote, Part. anim., IV, xiv ; Gener. anim., I, iv. — « Chez les mammifères qui manquent de cœcum, dit Cuvier (t. IV, 2e part., p. 216), le canal intestinal est tout d’une venue, conservant partout un diamètre à peu près égal, diminuant même un peu quelquefois en allant vers l’anus. »