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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, iii-iv.

premier les aliments cuits et qu’il les envoie au foie encore vide, la distribution qui s’opère par cet intestin est abondante et rapide ; de l’autre, comme il est voisin du lieu où tombe dans l’intestin le premier excrément biliaire, l’énergie de son action en est augmentée. Car l’absorption s’accomplit par les veines plus vite si les veines sont nombreuses que si elles le sont peu, si elles remontent au foie en faisant un court trajet que si elles en font un long, si elles puisent des aliments abondants et utiles plutôt que des aliments dépourvus de ces qualités, enfin si elles apportent la nourriture au foie vide plutôt qu’au foie déjà rempli. La puissance d’action des intestins s’augmente quand la bile n’est pas encore mêlée aux excréments, mais circule pure dans les tuniques des intestins, les stimule et provoque leur faculté d’expulsion. Quand l’intestin envoie l’aliment avec une grande énergie, et que le viscère fait pour recevoir cet aliment le saisit promptement, il doit nécessairement marcher assez vite pour ne pas s’attarder dans le viscère et n’y pas séjourner, mais pour le traverser seulement et encore rapidement. Comme l’intestin ne reçoit pas l’aliment toujours réduit en liquide au même degré, que le foie ne l’attire pas avec une égale énergie, que la bile en s’écoulant ne présente ni la même abondance ni la même qualité, par conséquent le nombre des circonvolutions vides des intestins ne se trouve pas toujours égal chez tous, mais plus chez les uns et moins chez les autres ; il est donc évident que la vacuité même des premières circonvolutions est sans but spécial et qu’elle est la conséquence nécessaire de dispositions prises dans un but.

Aussi ne faut-il pas attendre que nous expliquions toutes choses. On se rendra compte des unes en s’appuyant sur nos propres développements, comme nous le disions tout à l’heure à propos de la direction que prend vers le rachis le prolongement de l’estomac (duodénum) ; pour les autres, on doit admettre qu’il ne sont pas du ressort de ce traité. En effet nous expliquons dans ce traité non pas les choses qui sont la conséquence nécessaire de celles qui ont un but déterminé, mais celles qui ont été créées par la nature dans un dessein primitif.