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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

Certaines parties ne présentent aucune utilité et sont faites comme une conséquence nécessaire d’autres parties, ou plutôt ce ne sont pas des parties mais des accidents (des conséquences, συμπτώματα) : vous en trouvez un exemple dans le jéjunum ; dans le livre précédent (chap. xvii) il a été démontré combien était utile la naissance de cet intestin en tant qu’intestin grêle, tandis qu’il n’est pour l’animal d’aucune utilité [directe] en tant que vide de tout aliment ; mais il est la conséquence nécessaire de certaines autres choses qui tiennent le premier rang et qui existent en vue d’un but. Voici les choses dont le jéjunum est la conséquence (c’est-à-dire les raisons pour lesquelles il existe tel qu’il est) : De tous les intestins[1], le jéjunum, reçoit le premier l’aliment réduit en liquide (χυλωθεῖσαν) et cuit dans l’estomac ; il est placé près du foie, il reçoit les orifices de nombreux vaisseaux (ramifications des vaisseaux mésentériques supérieurs) ; un peu au-dessus, les conduits cholédoques viennent verser l’excrément bilieux dans le prolongement de l’estomac (le duodénum). C’est de ce premier intestin (c’est-a-dire du jéjunum)[2] que le foie encore vide tire son aliment. De toutes ces dispositions les unes favorisent la distribution plus rapide de l’aliment, les autres activent la force de propulsion[3].

D’un côté, en effet, comme le jéjunum est muni d’un grand nombre de vaisseaux, qu’il est situé près du foie, qu’il reçoit le

  1. Ici Galien semble ne plus considérer le duodénum comme un intestin, mais seulement comme un prolongement de l’estomac (voy. p. 289, note 1). Il suit en cela la coutume de quelques anatomistes qui appelaient seulement intestins les parties du canal alimentaire munies de circonvolutions (voy. Manuel des Dissections, VI, xii) ; par conséquent, pour ces anatomistes le rectum ne comptait pas non plus comme un véritable intestin (cf. Lieux affectés, VI, ii).
  2. On voit combien Galien est peu fixé dans ses déterminations ; ici il appelle le jéjunum le premier intestin ; et plus haut, p. 339, c’est le duodénum qui est aussi le premier intestin. — On trouve, p. 289, note 1, la raison de ces variations.
  3. « C’est principalement dans cet intestin que s’accomplit la chylification. Dans aucune autre partie du tube digestif, le mouvement péristaltique n’a lieu avec autant de vivacité ; de là lui vient le nom de jéjunum ; ce mouvement ne saurait être aussi vif au duodénum, à cause de sa fixation, ni à l’iléum, parce que sa tunique musculeuse est faible, et que son contenu a déjà peu de consistance. » Huschke, Splanchn., p. 82.