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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

Mais, dira-t-on, la nature avait-elle absolument besoin de deux organes pour purifier le sang du liquide séreux ? Si deux organes sont préférables, elle peut paraître avoir failli en ne créant qu’une rate et qu’une vessie biliaire. D’un autre côté, si un seul organe suffit, on peut trouver qu’elle a été prodigue en créant un rein à gauche après en avoir placé un à droite. Ne faut-il pas en cela admirer aussi l’habileté de la nature ? En effet, la bile noire excrémentitielle est très-peu abondante, la bile jaune l’est plus, et l’urine encore plus que les deux autres excréments ; mais la première est très-épaisse, la dernière très-ténue, l’autre est d’une densité moyenne. — À l’excrément peu abondant, épais, difficile à mouvoir et devant parcourir un long trajet (à travers la veine splénique, voy. IV, iv, p. 283), la nature a attribué un organe très-grand et d’une structure très-poreuse ; cet organe (la rate), elle l’a placé au côté gauche de l’estomac afin que, suivant notre précédente démonstration (voy. IV, iv ; vii, p. 288, et surtout xv), l’humeur épaisse, élaborée dans son sein, lui servît d’aliment. — Quant à la vésicule placée sous le foie, bien qu’elle attire un suc d’une consistance et d’une quantité moyennes, la nature cependant ne lui a donné qu’un petit volume, attendu qu’elle l’emporte sur les autres organes de purification du foie et par sa position et par le nombre de ses orifices de traction. La nature, à son égard, n’a donc rien fait qui ne soit digne d’approbation.

Venons maintenant à la question du rein droit qui pouvait suffire seul selon cette assertion calomniatrice que nous venons de signaler. Il est d’abord évident que seul il ne pouvait suffire à une sécrétion aussi considérable à moins d’avoir le double de son volume actuel. Supposons que le rein droit soit doué d’un volume double, et que l’autre manque entièrement, ce n’est plus un reproche calomnieux, mais un reproche fondé qu’on ferait à la nature en l’accusant d’avoir créé l’animal dépourvu de symétrie (cf. IV, vii, p. 288) ; et cela, je pense, est manifeste. En effet, nous montrions, dans le livre précédent avant de parler des reins, (IV, iv ; cf. aussi vii, p. 288, la note 1 de la p. 319 et la note 3 de la p. 354),

    l’équilibre ne sont qu’accessoires, qu’il y a une utilité supérieure, qu’à la rigueur la symétrie aurait pu ne pas exister, qu’elle existe seulement en vue du mieux et de la plus grande perfection de la fonction.