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DES ORGANES RESPIRATOIRES.

part de tout le poumon, une égale répartition du froid. Le vulgaire croit que le cœur n’occupe pas exactement la position centrale, mais qu’il incline davantage du côté gauche ; cette opinion erronée vient de ce qu’on voit battre le cœur (σφύγμος) sous la mamelle gauche, où se trouve le ventricule, origine de toutes les artères[1] ; mais, à sa droite se trouve un autre ventricule tourné

  1. On a beaucoup disputé sur la position du cœur ; mais toutes ces disputes tiennent, soit à un malentendu, soit à cette circonstance qui se représente à chaque instant dans l’histoire de l’anatomie, qu’on a voulu rapporter à l’homme les particularités de l’histoire des animaux. Voyons d’abord ce que l’observation moderne nous apprend sur cette question : « La situation du cœur des mammifères est peut-être la circonstance par laquelle il s’éloigne le plus souvent de celui de l’homme, ce qui tient à la marche horizontale de la plupart de ces animaux. Sa position est généralement moins oblique et plus directe d’avant en arrière. Dans les orangs, il présente encore cette obliquité d’une manière marquée, et il touche au diaphragme par une aussi grande étendue que chez l’homme. Dans les autres singes, il ne répond à ce muscle que par sa pointe, qui conserve un peu d’obliquité à gauche ; et, dans la très-grande partie des autres mammifères, cette pointe n’atteint même pas jusqu’à ce muscle ; elle vient se poser, ainsi qu’une portion de la face inférieure du cœur, sur la partie moyenne du sternum. De sorte que chez ces animaux le cœur est placé sur la ligne médiane du corps [cependant, ajoute le nouvel éditeur, M. Duvernoy, dans une situation plus ou moins oblique d’avant en arrière, de haut en bas et de droite à gauche, voy. p. 279, note 1] et à une certaine distance du diaphragme. Comme dans l’homme, il n’est assujetti dans la poitrine que par les gros vaisseaux et le sac qui le contient. » Cuvier, Anat. comp., 2e éd. t. VI, p. 278. — Suivant Aristote (Hist. anim., II, xvii, init.) et en cela il est d’accord avec Cuvier, le cœur, chez l’homme, dévie sensiblement vers la gauche, tandis que chez les autres animaux il est situé au milieu du thorax. — Dans le traité Des parties des animaux (II, iv, p. 258, l. 21, éd. Busem.), il dit : « Le cœur a, dans le thorax, la place la plus noble ; il est, en effet, situé vers le milieu, mais plutôt en haut qu’en bas, et plutôt en avant qu’en arrière. » — Dans ses propositions sur la situation du cœur, Galien se montre plus sophiste qu’observateur, et l’on voit évidemment, du teste, qu’il veut rapporter à l’homme ce qui est propre aux animaux. L’opinion du vulgaire, qu’il combat et qui est aussi celle d’Aristote et de tous les modernes, est la seule vraie pour l’homme. Dans le Manuel des dissections (VII, vii, init.) il se montre Un peu plus exact, surtout pour ce qui regarde les animaux, quand il dit : « Le cœur occupe le milieu entre les cavités droite et gauche du thorax ; s’il paraît situé plutôt à gauche qu’à droite, cela tient à deux causes : c’est que le ventricule pneumatique est situé de ce côté, et qu’il se porte surtout à gauche, car la pointe du cœur n’est pas comme la base, située exactement entre les parties droites et gauches du thorax. » Ainsi, un plan divisant le thorax en deux moitiés égales, ne couperait pas en même temps le cœur en deux