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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xviii-xix.

substance, le cœur, naturellement, voulait un sang épais, et le poumon un sang vaporeux. C’est pourquoi le cœur ne se nourrit pas lui-même ; mais avant que la veine cave pénètre dans le ventricule droit, un rameau assez fort (veine coronaire) pour nourrir le cœur, s’en détache, et s’enroulant extérieurement à la tête (base) de ce viscère, se distribue dans toutes ses parties. Avec cette veine, se déroule et se ramifie, comme cela est juste, une artère, branche issue de la grande artère, assez considérable pour rafraîchir cette même veine et entretenir dans les parties extérieures du cœur, le tempérament exact de la chaleur innée. En effet, il ne suffirait pas du vaisseau qui, partant du poumon, s’insère sur le cœur (veine pulmonaire) pour rafraîchir tout ce viscère, si épais et si dense. Car, ainsi que nous l’avons montré dans notre traité Sur les facultés naturelles (III, xv), si les matières peuvent bien traverser jusqu’à un certain point les corps mêmes, elles ne sauraient avancer très-loin, à moins qu’un large passage ne leur soit ouvert. C’est pour cela qu’à de courts intervalles, non-seulement dans le cœur, mais encore dans tout l’animal, ont été disposées des artères et des veines que jamais n’aurait établies la nature si elle avait pu, sans une large voie, faire cheminer les matières aussi loin qu’il convient.


Chapitre xviii. — Le cœur a de très-petits nerfs. — Cette disposition est en rapport avec la nature de son action. — Utilité générale des nerfs pour les viscères.


Une artère et une veine embrassent donc circulairement toute la substance du cœur, mais aucun nerf ne paraît y pénétrer, non plus que dans le foie, les reins ou la rate[1]. Seul, le péricarde, enveloppe du cœur, paraît recevoir des ramifications de petits nerfs ; ceux-ci se divisant, quelques filets visibles s’implantent manifestement sur le cœur même, du moins chez les grands animaux. Toutefois, il n’est pas encore possible de distinguer clairement, par les sens, comment ils se distribuent dans le viscère, mais le mode d’insertion des nerfs et leur volume est tout à fait

  1. Cf. IV, xiii, p. 313 ; V, viii, ix, x, et particulièrement p. 364 ; XVI, iii. — Voyez aussi, pour cette proposition la Dissert. sur l’anatomie.