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DES ORGANES DE LA VOIX.

déjà tout ce dont il a besoin au moyen d’un seul organe, la trachée-artère, puisque, grâce à elle, il est capable d’émettre un son, d’exsuffler, d’expulser l’air et de l’aspirer. Mais, si vous remarquez que cet organe même ne reçoit de sang pour le nourrir que par certaines veines, et que le cœur ne tire aucun avantage de la respiration que quand il lui est rattaché par une autre artère (veines pulmonaires), vous saurez que la nature a uni et enlacé avec les bronches une double espèce d’autres vaisseaux (cf. plus haut, chap. ii et iii). Vous saurez aussi qu’un vaisseau suspendu ne peut sans danger demeurer divisé, si une certaine substance molle et spongieuse n’est placée dans les interstices des bifurcations pour remplir comme de la bourre (voy. p. 457, note 1) le vide qui existe entre tous les vaisseaux et pour servir d’appui et de protection à la faiblesse de ces derniers. Vous saurez aussi que le tissu du poumon a été créé avec raison et prévoyance. Ce tissu offre encore une autre utilité non médiocre dont nous parlerons un peu plus loin (chap. ix.)

Les artères lisses (veines pulmonaires), qui doivent rattacher au cœur les bronches, contiennent, déjà nous l’avons souvent démontré, un sang léger, pur et vaporeux, et ne sont pas seulement un organe de respiration ; le présent livre en rend un témoignage sensible. En effet, si ces artères sont complétement dépourvues de sang comme les bronches (car telle est la supposition d’Érasistrate, — cf. plus haut, chap. iii, p. 461), pourquoi la trachée ne se termine-t-elle pas directement au cœur ? Pourquoi aussi, sur la trachée-artère s’insère-t-il de petites ramifications de veines fournies par l’artère pulmonaire, tandis qu’il ne s’en insère pas sur les artères lisses[1]. Car, de cette façon, la nature qui ne fait

    κλαγγώδης le Glossaire d’Érotien, p. 196, et la note correspondante, ainsi que l’OEconomie de Foës, voce.

  1. Διά τι δὲ φλεβῶν ἀποβλαστήματα μικρὰ ταῖς μὲν τραχείαις ἐμφύεται, ταῖς δὲ λείαις οὐκ ἐμφύεται (ἐκφύεται Bâle) vulg. et ms. 2154. — Hoffman, (l. l., p. 141), croyant se conformer à la doctrine de Galien, suppose qu’il y a ici une transposition de mots et qu’il faut écrire… ἀποβλ. μ. ταῖς μὲν λείαις ἐμφ., ταῖς δὲ τραχείαις οὐκ ἐμφ.. Mais si on lit avec attention la suite du paragraphe, et si de plus on se reporte à la page 476, à la phrase qui commence ainsi : Nous rappellerons maintenant, etc., on sera convaincu que le texte vulgaire est excellent, et qu’il n’y faut rien changer.