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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

excellente et dernière confirmation, en racontant le trait suivant de Diogène[1] :

Mangeant un jour chez un homme dont l’ameublement était parfaitement disposé, mais qui n’avait pris aucun soin de lui-même, il toussa comme pour cracher, et, promenant ses yeux autour de lui, il ne cracha sur aucun des objets avoisinants, mais sur son hôte lui-même ; comme celui-ci lui reprochait avec indignation sa grossièreté, et lui en demandait la cause : « Je n’ai rien vu, dit-il, dans cette chambre, d’aussi sale que le maître de la maison : les murs sont ornés de belles peintures ; le pavé est formé d’une mosaïque de grande valeur, qui représente les images des Dieux ; tous les ustensiles sont brillants et propres ; les tapis et le lit sont merveilleusement travaillés ; je n’ai vu de sale que le maître de toutes ces choses ; or, la coutume générale est de cracher sur ce qu’il y a de plus abject. »

Jeune homme, gardez-vous donc de mériter qu’on vous crache dessus ! Évitez cette marque d’infamie, quand même tout votre entourage serait magnifique. Il est rare, sans doute, qu’un même homme réunisse tous les avantages : naissance, fortune et beauté ; mais si cela vous arrivait, ne serait-il pas déplorable que vous seul, au milieu de tant de splendeur, soyez digne de recevoir un crachat ?


Chapitre viii — Exhortation aux jeunes gens pour qu’ils ne se laissent pas séduire par les arts inutiles ou méprisables. — L’auteur cherche aussi à les prémunir contre la faveur publique qui s’attache à la profession d’athlètes. — Que l’homme tient à la fois des Dieux et des brutes, et qu’il doit s’efforcer de se rapprocher surtout des premiers. — On ne mérite pas les honneurs divins pour avoir gagné le prix de l’adresse ou de la force, mais par la science.


Courage, jeunes gens, qui, après avoir entendu mes paroles, vous disposez à apprendre un art ! Mais prenez garde de vous laisser séduire par un imposteur ou un charlatan qui vous enseignerait une profession inutile ou méprisable. Sachez, en effet, que toute occupation qui n’a pas un but utile dans la vie, n’est pas un

  1. Diogène de Laerte (VI, ii, 6, 32), raconte aussi ce trait, mais avec beaucoup moins de détails. Ailleurs (II, viii, 4, 75) il attribue à Aristippe une conduite semblable.