Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

art[1]. Quant aux autres occupations, vous savez par vous-mêmes, j’en suis persuadé, qu’il ne faut point, par exemple, appeler un art, ni ce talent qui consiste à voltiger[2], à marcher sur une corde mince, à tourner en cercle sans vertige, ni celui de Myrmécide

  1. Cette définition se retrouve à peu près textuellement dans Lucien (Parasit., iv, p. 840) ; c’est évidemment aussi l’opinion de Platon (Polit., p. 341 c, et p. 342), dans son habile argumentation contre Thrasymaque. Aristote (Moral. Nichom., I, 1, 1), a dit à peu près dans le même sens : « Tout art, toute méthode, toute œuvre et toute intention paraissent tendre vers le bon. »
  2. Le texte vulgaire a πεττευριπτεῖν, c’est-à-dire τοὺς πεττοὺς εὔ ῥίπτειν (bien jeter les dés). Ce mot ne paraît se trouver que dans ce passage de Galien ; aussi Jamot, Goulston et Chartier le regardent-ils comme fort suspect et veulent lire πεταυρισιεῖν dérivé régulièrement de πέταυρον, qui signifie proprement un perchoir fixe pour les oiseaux domestiques. Les archéologues sont fort incertains sur la vraie nature du pétaurisme ; Krause (Gymn. u. Agon. der Hellenen, t. I, p. 325-6) est d’avis qu’il s’agit d’une balançoire ; c’était aussi, à ce qu’il paraît, celui de Mercuriali (De arte gymn., III, viii) ; mais je regarde cette opinion comme très-peu d’accord avec les textes où il est question du pétaurisme, textes presque exclusivement latins, attendu que ce jeu ne paraît pas avoir été fort en usage chez les Grecs. Facciolati dans son Lexique a rassemblé avec beaucoup de soin tous les passages des auteurs, et de leur confrontation il résulte pour moi que le pétaurisme consistait essentiellement à sauter d’une espèce de perche ou bâton, ou à se précipiter comme si on volait, et peut-être en faisant la culbute. Suivant quelques auteurs les pétauristes étaient aussi lancés par le mouvement d’une roue, mais je crois qu’il s’agit ici d’un jeu différent du pétaurisme et analogue à celui dont Aristophane parle dans le Δαίδαλος. (Fragm. 234 (3), éd. Dind.) Un vers de Martial (XI, 21,3) a fait aussi penser que le pétauriste passait à travers une roue en mouvement ; mais ce vers présente beaucoup d’obscurité. — Peut-être le pétaurisme ressemblait-il à ce jeu qui consiste à se lancer en l’air en se plaçant à l’extrémité d’une longue planche douée d’un mouvement élastique. — Quoi qu’il en soit, le pétaurisme est rangé par les anciens dans la classe des sauts, et même Pline (XI, xxxix) appelle petauristœ certains insectes immondes du genre des puces. Un scoliaste de Juvénal (voy. Ang. MaÏ, Glossarium novum latin.) dit que le pétaurisme chez les Africains consistait à se faire lancer entre les cornes d’un taureau. Voy. aussi du Cange, voce Petauristarii ; ajoutez enfin que la machine de guerre décrite par Polybe (VIII, vi, 8), et probablement figurée dans Caylus (Rec. d’antiq., t. V, pl. 86, no 2, p. 241) est appelée πέτευρον et était disposée pour sauter dans la place. La correction de Jamot et des autres éditeurs est d’autant plus probable que les anciens mentionnent souvent ensemble le funambulisme et le pétaurisme. — Willet défend la leçon πεττευριπτεῖν, en se fondant sur ce que dans Homère on trouve la mention du jeu qui serait désigné par πεττευριπτεῖν, ; mais cela n’est point une raison suffisante.