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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, v-vi.

branes tendues, et, l’un des yeux étant fermé, la pupille de l’autre élargie, et si, l’animal mort, on peut voir ces membranes déjà lâches avant que l’humeur ténue soit vidée, et extrêmement lâche quand cette humeur est évacuée, il est évident qu’elles étaient remplies à la fois d’humeur et de pneuma pendant que l’animal était en vie. Pour le pneuma, comme il est plus ténu et plus léger, il s’échappe aisément avant la dissection ; l’humeur, elle, persiste encore et ne cède qu’à une expulsion visible. Parfois même, chez les personnes d’un âge très-avancé, la cornée se ride à tel point que les unes perdent complètement la vue et que les autres n’y voient plus que mal et avec peine. En effet, les rides tombant les unes sur les autres et la tunique par là se doublant et acquérant une épaisseur inusitée, de plus, le pneuma arrivant d’en haut à la pupille en quantité moindre, la vue est gênée à proportion. Ce fait même qu’une plus faible quantité de pneuma arrive du principe (c.-à-d. du cerveau) est la cause principale des rides qui se forment au devant de la pupille. Toutes ces circonstances prouvent que tout l’espace situé devant le cristallin est rempli à la fois de pneuma et d’une humeur ténue, et que, dans les autres parties, c’est l’humeur, tandis que dans la pupille même, c’est le pneuma qui se trouve en plus grande quantité. Chez les vieillards donc les rides de la cornée sont un effet de la débilité sénile et du manque de pneuma qui arrive d’en haut.

L’affection nommée phthisie [de l’œil] n’est qu’un rétrécissement de la pupille et n’atteint en rien la cornée ; pour cette raison, elle attaque fréquemment l’un des deux yeux ; elle se reconnaît aisément et n’échappe à aucun médecin, car l’autre œil, étant sain, indique le trouble survenu dans l’œil malade. Chez les vieillards, ce symptôme, étant commun aux deux yeux, échappe à la plupart des médecins, car il y a non-seulement rides de la cornée, mais rétrécissement de la pupille. Parfois aussi ces rides viennent de ce que, faute de l’humeur ténue, l’uvée se relâche considérablement ; mais ce n’est pas le lieu maintenant de parler de cette affection.

Celle qui résulte du défaut de pneuma par obstruction des conduits supérieurs et de la faiblesse sénile indique que la pupille est remplie de pneuma. Cela est aussi prouvé quand on ferme un œil, par la dilation de la pupille de l’autre œil.