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DES YEUX ET DE LEURS ANNEXES.



Chapitre vi. — Suite du même sujet : l’utilité de l’humeur aqueuse et du pneuma subtil. — De la disposition de la tunique propre (capsule) du cristallin (voy. Huschke, Splanchn., p. 695). — Récapitulation des diverses parties de l’œil. — Nouveaux motifs d’admirer la nature, quand on se représente l’ensemble de cet organe, où rien n’a été fait sans motifs, ni d’une forme imparfaite. — Du mode de protection de l’œil lui-même par les paupières, les cils l’arc sourcilier, et la saillie de l’os zygomatique.


Cette humeur ténue et le pneuma contenus dans la pupille n’ont-ils donc d’autre utilité que de séparer le plus possible la cornée du cristallin et de faire qu’il ne la touche jamais, ou bien offrent-ils encore d’autres avantages ? Quant au pneuma, il a été démontré dans les traités Sur l’optique qu’il est lumineux et qu’il a la plus grande influence sur l’action des yeux. Touchant l’humeur, vous apprendriez qu’elle est très-nécessaire, non-seulement pour remplir l’espace vide, mais encore pour empêcher que le cristallin et la partie interne de l’uvée (voy. p. 614, note 1) ne se dessèchent, si vous saviez d’abord qu’un écoulement trop considérable de cette humeur, pendant la ponction [pour la cataracte], est nuisible aux yeux, et que l’affection connue des médecins sous le nom de glaucôme dérive d’une sécheresse et d’une solidification excessive du cristallin, et amène la cécité plus qu’aucune autre affection des yeux ; ensuite si vous examiniez avec réflexion la nature de l’uvée. En effet, la partie de cette membrane, en contact avec le cristallin, ressemble à une éponge mouillée. Or, tous les corps analogues durcissent en se desséchant. C’est ce que montrent les éponges et aussi les raisins et la langue des animaux. Mais si cette partie de l’uvée se desséchait, elle perdrait ainsi toute l’utilité, en vue de laquelle elle a été créée ce qu’elle est. Elle doit donc être continuellement humectée pour être molle. Toutes ces dispositions portent la marque d’une prévoyance en même temps que d’un art admirables.

Il en est de même de la membrane propre qui revêt le cristallin (capsule). La cornée, en effet, est pour le cristallin comme un abri, un rempart recevant le choc des corps extérieurs : mais sa tunique propre ne ressemble pas seulement à la mince pelure de l’oignon[1],

  1. Ce membre de phrase est en partie la reproduction de ces vers d'Homère (Odyssée, XIX, 232-3), mis dans la bouche d’Ulysse :

    Τὸν, δὲ χιτῶν᾽ ἐνόησα περὶ χροὶ σιγαλόεντα
    Οἷόν τε κρομύοιο λοπὸν κατὰ ἰσχαλέοιο