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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, X, vi.

elle est encore plus ténue et plus blanche que le fil de l’araignée. Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est qu’elle ne tapisse pas tout le cristallin ; la partie qui flotte sur l’humeur vitrée est complètement dépourvue de cette tunique et nue[1] ; car il était préférable que les deux humeurs s’unissent en ce point (communication prétendue entre les humeurs vitrée et cristalline) ; mais toute la partie antérieure qui fait saillie et qui est en contact avec l’uvée est enveloppée de cette mince et brillante tunique. Sur cette tunique, comme sur un miroir, se fixe l’image de la pupille. En effet, elle est plus lisse et plus brillante que tous les miroirs.

La nature a donc, en toutes ses parties, bien ordonné l’organe de la vision, pour le degré de la mollesse, l’opportunité de la position, l’éclat de la couleur et la force des enveloppes. La tunique propre (capsule) qui le recouvre est brillante et luisante comme un miroir. Celle qui vient ensuite (iris) est veineuse, molle, noire et percée : veineuse, pour fournir abondamment des aliments à la cornée ; molle, pour toucher le cristallin sans l’incommoder ; noire, pour rassembler la lumière et la transmettre à la pupille ; percée, pour donner une issue au dehors à la lumière qui vient du cerveau (voy. Dissert, sur la physiol.). L’enveloppe externe servant d’abri, de rempart à toutes les autres, ressemble à une lame de corne mince, blanche et dure. Elle est mince et blanche pour laisser aisément passer les rayons ; elle est dure pour protéger efficacement.

Cela suffit-il, ou bien est-il juste de louer aussi la forme du cristallin ? Il n’offre pas une sphère parfaite, égale de tous points (cf. chap. xv), bien que cette figure soit très-ordinaire dans l’économie animale et très-recherchée par la nature pour les motifs que souvent nous avons énoncés (cf. I, xi, xiv ; IV, vii ; VII, vii ; VIII, xi ; XI, xii). Mais il n’était pas prudent de la faire exactement sphérique ; car il n’aurait pas aussi bien accueilli la jonction et l’insertion des cercles (voy. p. 614, note 1) qui a lieu à

  1. Galien n’est peut-être pas bien d’accord avec lui-même, car s’il refuse une tunique propre à la partie postérieure du cristallin, il admet cependant, du moins cela paraît à peu près certain (voy. p. 612, note 1), que la rétine passe entre le cristallin et l’humeur vitrée, ce qui doit gêner un peu la prétendue communication entre l’humeur cristalline et la vitrée, communication dont il parle un peu plus bas.