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DE LA FACE.

maux, à l’exception des seuls muscles temporaux ; car ceux-ci, contrairement aux proportions de tout le corps, varient considérablement de grandeur ou de petitesse, selon les espèces animales[1].

Ainsi, chez les hommes, ils sont très-petits et peu nerveux (tendineux), ils sont très-grands et très-nerveux chez les lions, les loups, les chiens, en un mot, chez tous les animaux à dents aiguës et inclinées alternativement (carnassiers)[2]. Chez d’autres animaux, les porcs, les ânes, ils sont aussi très-grands, mais moins nerveux. Après eux viennent les bœufs, puis les chevaux. Ils sont petits et faibles comme chez l’homme dans les singes, les lynx et les cèbes (espèce de singe), viennent les chèvres, les moutons, les cerfs. Les singes qui ont le plus d’analogie avec l’homme, ont les muscles temporaux les plus semblables. Ceux qui s’en écartent pour se rapprocher du type du cynocéphale, ont des muscles plus robustes et plus grands, comme le cynocéphale même. Car celui-ci tient le milieu par sa nature entre le singe et le chien ; aussi son muscle temporal dépasse autant en force et en grandeur celui des singes, qu’il est plus petit et plus faible que celui des chiens. Or, de tous les animaux, le singe pithèque ressemble le plus à l’homme[3], attendu qu’il a particulièrement une face arrondie, les dents canines petites, la poitrine large, les clavicules plus longues, qu’il est le moins velu des singes, et enfin qu’il se tient debout avec aisance, de manière à marcher sans gêne et à courir rapidement. Dans ce singe, donc, comme dans l’homme, le muscle temporal n’occupe qu’une petite partie du chevelu de la tête ; dans les autres espèces, comme dans le cynocéphale, il s’étend sur le haut de la tête ; chez tous les carnassiers, il dépasse les oreilles en arrière et s’étend

  1. C’est ce qui ressort aussi des descriptions de Cuvier (voy. Anat. comp., t. IV, Ire part., p. 71 et suiv.).
  2. Τοῖς καρχαρόδουσι ὀνομαξομένοις. — Aristote (Part. anim., III , i, init.), dit qu’on appelle καρχαρόδοτα les animaux qui ont les dents aiguës, et inclinées alternativement (ὀξεῖς καὶ ἐπαλλάττοντας). Pour abréger j’ai presque toujours traduit ce mot par carnassiers.
  3. Voyez pour cette question de la ressemblance du singe et en particulier du pithèque espèce imaginée par Galien la Dissertation sur l’anatomie ; cf. aussi Manuel des dissections, I, ii ; II, ii ; III, v ; VI, i ; Cuvier, Anat. comp., t. II, p. 307 et suiv.