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DE LA FACE.

ble souffrance. Nous avons dit précédemment (VII, xvii), à propos du larynx, qu’en vue d’une utilité analogue la nature a établi les glandes, une de chaque côté. Il en existe également pour la langue (glandes salivaires ; amygdales). De ces glandes, des conduits versent aux parties inférieures et obliques une humeur phlegmatique qui humecte la langue elle-même, les parties inférieures, les côtés et toute la voûte de la bouche. Quant aux parties supérieures, elles avaient aussi des méats qui viennent de l’encéphale et dont j’ai parlé précédemment (VIII, vi, p. 549 et IX, i et iii).

Ainsi, tout ce qui concerne la langue a été disposé par la nature de la façon la plus complète et la plus achevée. En effet, le ligament fixé à sa partie inférieure (frein), manifeste comme le reste, une prévoyance extrême. Chaque muscle étant par sa nature ramené vers son principe, il devait arriver que, tirée par les muscles qui s’insèrent à sa racine, la langue par eux tendue en arrière se rétracterait et pour ainsi dire s’arrondirait de manière qu’elle ne pourrait plus également atteindre les dents antérieures et les lèvres, puisqu’elle manquerait d’une assiette solide, étant libre de toutes parts. C’est pour tous ces motifs que la nature a établi un lien de la dimension qui devait être la plus convenable. Car il n’a pas été fait sans réflexion, ni au hasard, mais avec une mesure admirable. En effet, soit qu’il se fût avancé davantage sur la langue, soit qu’il se fût arrêté en deçà de ce qui était nécessaire, la langue eût été ainsi dans une situation pire pour l’articulation des sons, et elle n’eût pas été moins gênée dans le mouvement de la mastication. Car ce lien contribue à ces deux résultats : que la langue ait une base ferme et que sa pointe se meuve aisément en tous sens. Or, si ce lien se fût peu avancé, la langue dans cet état serait gênée, moins que s’il n’eût absolument pas existé, mais presque autant. S’il se fût trop avancé, il n’aurait permis à la langue de se porter ni vers le palais, ni vers les dents supérieures, ni vers les autres parties de la bouche. La mesure du ligament est donc si parfaite, que, soit qu’on y ajoute, soit qu’on en retranche tant soit peu, la fonction de tout l’organe est altérée.

Il est surtout admirable de voir la nature réussir presque toujours et se tromper si rarement dans ces choses si délicates, lorsqu’on voit,