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DE LA FACE.

ment broyées. C’est pour cela qu’elles ont été créées cartilagineuses.

Je vais dire pourquoi elles sont tout à fait saillantes. Pour tous les organes des sens, la nature invente un tégument ; chez les uns, c’est pour garantir de toute lésion l’encéphale qui leur est voisin ; chez les autres, c’est dans l’intérêt de leur propre sûreté. Nous avons démontré (VIII, vii) que dans ce cas se trouvait l’os dit ethmoïde établi au-devant de l’organe de l’olfaction. Tout le nez lui-même est un rempart de ce genre. Par rapport aux yeux, nous démontrions (X, vi et vii) que les paupières, le nez, la saillie appelée joue, les sourcils et la mobilité de la peau qui les environne ont été créés pour les garantir. Il est inutile, je pense, d’entrer dans des détails sur la langue, qui est enfermée dans la bouche comme dans une caverne. Il ne reste donc que l’organe du sens de l’ouïe, et la nature d’abord y a disposé, dans l’os pétreux (rocher), le repli du conduit (labyrinthe), afin qu’il ne soit incommodé par le choc d’aucun corps extérieur. Un des livres précédents (VIII, vi) vous a suffisamment fait connaître ce circuit. En second lieu, de même que la nature avait placé au-dessus des yeux les poils des sourcils pour recevoir d’abord la sueur, qui de la tête aurait coulé dans les yeux ; de même elle a voulu établir un rempart devant les oreilles[1]. Pour les yeux, qui voulaient être situés sur une éminence, ce point aussi a été démontré (VIII, v), il était préférable de ne pas élever un grand rempart d’une dimension telle qu’il leur cachât le jour. Il en était tout autrement pour l’ouïe, les parties fixées en avant de l’oreille, loin d’empêcher le son de pénétrer, devant, au contraire, l’apporter en le renforçant. Je ne veux pour preuve de cette assertion que l’expédient employé par le consul romain Adrien[2], qui, atteint d’une affec-

  1. On lit dans Cicéron, De natura Deorum, II, § 57 : « Extra eminent, quæ appellantur aures, et tegendi causa factæ, tutandique sensus, et ne adjectæ voces laberentur, atque errarent, priusquam sensus ab his pulsus esset. Sed duros et quasi corneolos habent introitus, multisque cum flexibus, quod his naturis relatus amplificatur sonus. »
  2. Ἀδριανός. — Hoffmann, l. l., p. 235, suiv., a longuement discuté la question de savoir quel était le personnage dont parle ici Galien ; mais il n’est arrivé à aucun résultat satisfaisant, et il y a peut-être une corruption dans le nom. Toutefois, le manuscrit 2154 porte Ἀδριανός comme les textes imprimés. — On voit