Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/731

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
699
DE LA FACE.

cavité étroite et imperceptible[1]. C’est là une preuve manifeste, s’il en existe, que la nature, ayant égard à la faiblesse et à la vigueur des muscles, a créé le poids des os proportionnés à ceux-ci.

La nature se proposait un double but dans la structure générale des os, la dureté en vue de leur propre sûreté, la légèreté en vue du mouvement de l’animal. Comme il n’est pas facile de réunir ces deux propriétés, car l’une provient de la densité et de la dureté, et l’autre des qualités contraires, il est clair que le mieux était de choisir la plus utile des deux. Or le mouvement est plus utile pour les animaux, puisqu’il fait partie de leur propre substance. En effet, ce qui constitue l’animal, ce n’est pas la faculté de résister aux lésions, c’est celle de se mouvoir spontanément. Cependant, chez tous les animaux auxquels, vu la vigueur de leurs muscles et la force générale du corps, il était possible de ménager les deux facultés, la nature a créé les os denses et durs comme des pierres ; elle en agit de même avec tous les animaux ; en sorte que non-seulement il n’y a pas un seul animal terrestre, mais même ailé ou aquatique, qui soit dans une condition différente. Ainsi, chez les aigles, la structure des os est très-dure et très-dense ; ensuite viennent les espèces robustes, les éperviers, par exemple, le busard, l’autour et autres espèces analogues. Après ceux-ci, chez les autres oiseaux, coqs, canards, oies, la substance des os est à la fois spongieuse, creuse et légère.

Si donc l’homme n’a pas la vigueur des muscles et du corps entier qu’on trouve chez le lion, c’est avec raison que les plus grands de ses os, non-seulement sont creux, mais encore spon-

  1. « Dans le même animal il y a des os qui ont de la moelle, il y en a qui n’en ont pas, et même certains animaux paraissent n’avoir point de moelle, comme le lion, attendu que cette moelle est très-peu abondante, ténue et qu’elle se rencontre dans un petit nombre d’os ; mais en réalité le lion a de la moelle dans les os des jambes de derrière et dans celles de devant. Le lion est de tous les animaux celui qui a les os le plus durs ; ces os ont en effet une telle dureté qu’ils font feu comme les pierres quand on les brise. » Aristote, Hist. anim., III, vii, 5 et 6. — Dans le chap. XX, init. (voy. aussi Part. anim., II, vi), on lit à peu près la même chose après quelques considérations sur la manière dont la moelle est contenue dans les os, et sur son apparence extérieure suivant les âges, II, vi. — Cf. Henle, Anat. générale (Encyclop. anatomique), t. II, p. 387 et 389.