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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS, XI, xviii.

gieux. Or, si c’est avec raison qu’ils sont creux, la nature (nous avons précédemment démontré mille fois qu’elle emploie fort bien pour un autre but les choses créées pour une certaine fin. — Voy. VII, xx, p. 521), la nature ne devait pas laisser vides ces os, quand elle pouvait déposer en eux une provision d’aliments propres à leur nutrition. Or nous avons démontré dans nos Commentaires sur les facultés naturelles (III, xv) que la moelle est l’aliment propre des os, et que les os privés de cavité en contiennent quelque peu dans leurs cellules (voy. cepend. I, xv, et note de la p. 140) ; en outre qu’il ne faut pas s’étonner si la moelle est plus épaisse que le suc des cellules, bien qu’elle existe en vue de la même utilité que ce dernier. Voilà pourquoi tous les os creux renferment de la moelle. Mais tous ceux qui ont de la moelle n’ont pas par cela même des têtes. En effet, le maxillaire inférieur contient un peu de moelle, mais il n’a pas de tête. Il est trop dense pour avoir une pareille épiphyse. Quand le même os se trouve à la fois spongieux et creux, on voit immédiatement par cela même, à ses extrémités, une tête qui s’y est produite, parce que l’os a besoin d’un opercule et que cet opercule doit être dense et dur, surtout quand il se termine en s’articulant. Il faut, en effet, de la dureté dans les os qui s’articulent, puisqu’ils doivent se mouvoir continuellement et se frotter les uns les autres. On doit se rappeler une des utilités indiquées plus haut (I, xv ; voy. aussi XII, iii et XVI, ii ; Arist., Part. anim., II, ix) ; car il n’est pas possible que dans aucun os des parties contraires par leur nature puissent s’unir convenablement. En effet, comment le dense et le rare, le dur et le mou en viendraient-ils à une union amicale et indissoluble ? Nous disions donc (voy. IX, xviii) que la nature avait très-sagement inventé les os écailleux de la tête qui unissent les os mous et poreux du bregma (pariétaux) aux temporaux, lesquels sont denses et durs.

C’est en vue d’une semblable utilité que les têtes qui terminent les os des membres, os poreux et rares, sont, chez tous les animaux, denses et durs. Comment donc la nature a-t-elle agi à cet égard ? Elle a renoncé à unir des substances contraires, et par le mode d’insertion elle a inventé un rapport inoffensif en appliquant sur l’un et sur l’autre un cartilage en guise de soudure, ou en comblant les cavernes poreuses des extrémités ou en aplanissant