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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, iii-iv.

En effet, ce n’est pas, ainsi que nous l’avons démontré ailleurs (De la semence, I, iv. Cf. Facultés nat., II, iii ; Conserv. de la santé, I, ii. Voy. aussi Dissert. sur la physiol. et Hoffm. l. l., p. 300-2), le sang menstruel qui est la matière première et propre de la production de l’animal. Mais lorsque la partie liquide du sperme entraînée par le pneuma inné tombe sur les tuniques de l’utérus, cette partie étant visqueuse et s’attachant à des corps rugueux, elle s’agglutine promptement[1] comme de la graisse. C’est ainsi qu’en un court instant s’exécutent beaucoup d’actes admirables de la nature au commencement de la génération de l’animal (Voy. la Dissertat. sur la phys. et Hoffm., l. l., p. 303). La matrice elle-même se contracte rapidement sur le sperme ; tout le col, et surtout l’orifice interne, se ferme ; le liquide qui enduit les aspérités (cotylédons ?) de la matrice, en s’étendant sur toute leur surface interne, devient une mince membrane (membrane caduque ?). Le pneuma, exactement retenu de toutes parts par cette membrane et ne pouvant s’échapper, commence alors ses mouvements naturels ; il attire dans la matrice, à travers les artères et les veines qui y aboutissent, une humeur ténue ; il la rend semblable à celles auxquelles lui-même est uni, et bientôt il les fait épaissir et augmenter un peu de volume. Que si, au lieu de pénétrer rapidement dans les sinus de la matrice, il éprouvait sur son chemin quelque retard, il lui arriverait, vu sa légèreté et sa ténuité, de se dégager à l’instant de la partie liquide du sperme, et de se perdre en s’évaporant. Pour que rien de semblable n’ait lieu, la nature a créé le col de la matrice médiocrement dur, afin que tendu et dilaté quand le sperme pénètre, il se dresse et s’élargisse autant qu’il est convenable, pour ne pas gêner la marche du sperme, et pour être en état de refermer ensuite son orifice sur le sperme. S’il était trop dur, il se redresserait aisément, cela est vrai, mais il ne se refermerait pas facilement ni promptement ; au contraire, s’il était plus mou qu’il n’est, il serait plus enclin à s’affaisser tout entier sur lui-même, mais il lui serait difficile de se dresser, de se tendre et de s’élargir. En vue de ces deux utilités si opposées, la nature le dotant de fa-

  1. Δίκην ἀλοιφῆς ἑτοίμως (-ης. A), AB., et Théophile, V, xix, p. 210, éd. Greenhill. Ce dernier mot manque dans vulg. La traduction latine a facile.