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DES ORGANES GÉNITAUX.

Et cependant cela ne se voit pas, il est donc évident qu’elle a absolument besoin du sperme mâle. Si elle en a besoin, celui-ci se mêle nécessairement au sien et tous deux combinent leur mouvement en un seul ; car il n’est pas possible que l’un se mouvant d’une façon et l’autre d’une autre façon, ils concourent à la génération d’un animal unique. En un mot, s’imaginer qu’il y a un chemin et un ordre de mouvement pour le sperme femelle et d’autres pour le sperme mâle, c’est le fait d’hommes qui raisonnent sans expérience des choses de la nature ; en effet, que ce soit le sperme même de la femelle ou le sang découlant dans les matrices qui apporte un principe de mouvement, il participe exactement au même mouvement que le sperme du mâle.

Cela est visible chez les poules[1] ; elles pondent en effet sans la fréquentation du mâle les œufs qu’on nomme clairs (œufs sans germe, ὑπηνέμια), auxquels il manque évidemment quelque chose pour être parfaits puisqu’ils ne peuvent donner naissance à des animaux. Pour la forme ils sont absolument semblables aux autres œufs, cela est parfaitement certain ; il ne leur manque pour être parfaits que la seule chaleur du mâle. La même chose ne saurait exister chez les animaux qui marchent ; comme ils ont tous le corps beaucoup plus humide que celui des oiseaux[2], la femelle en a un tout à fait dénué de vigueur et incapable d’un mouvement assez décisif pour imprimer à un produit de conception une forme régulière. Il n’y a que l’espèce d’animaux douée d’un tempérament assez sec pour que l’humidité froide du sperme de la femelle puisse être absorbée jusqu’à un certain point, qui soit capable, sans le concours du mâle, d’engendrer une production semblable à ce qu’est l’œuf véritable chez ces animaux. Trouverions-nous dans les animaux qui marchent une production ana-

  1. Ceux qui prétendent, dit Aristote (Hist. anim., VI, ii, § 5 ; t. III, p. 105, l. 6), que les œufs clairs sont des restes de ceux qui proviennent d’un coït antérieur, ne sont pas dans la vérité, car souvent on voit que des œufs pareils sont pondus avant tout coït par de jeunes poules et de jeunes oies. Ces œufs sont moins grands, moins savoureux et plus liquides que ceux qui sont féconds ; mais ils sont plus nombreux. Couvés, la partie liquide ne s’épaissit pas, le jaune et le blanc ne subissent aucun changement. »
  2. On lit dans Hippocrate (Epid., VI, iv, 20, t. V, p. 312) : « Quand la sécheresse est sur la terre, les oiseaux prospèrent. »