Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XIV, xi-xii.

avec le sperme ; le reste du temps elle coule peu à peu ; aussi ne s’en aperçoit-on pas. En conséquence un individu chez qui les excès vénériens avaient épuisé cette humeur, et qui avait peine à uriner, comme dans le cas précédent, ne nous a-t-il pas paru mal traité par la prescription d’un régime fortifiant[1].

La prévoyance de la nature se manifeste dans toutes ces dispositions, et de plus encore dans la création de ce qu’on nomme cornes. En effet, si nous avons justement démontré dans notre traité Sur les facultés naturelles (I, xiii suiv. ; III, iii) que toutes les parties, et les matrices ne sont pas exceptées, possèdent une faculté attractive de la qualité propre, il faut absolument que ces matrices trouvent un canal disposé pour l’attraction d’une humeur qui leur convient. Or l’humeur la plus propre aux matrices, et pour la réception de laquelle elles existent, c’est le sperme. Le sperme étant de deux espèces, il existe également des canaux de deux formes : l’un, destiné à attirer le sperme du mâle, a reçu des anatomistes le nom de col ; il débouche, disions-nous, dans le vagin de la femme. Les cornes sont destinées à amener le sperme des testicules propres à la femme (ovaires) ; aussi elles sont tournées vers les fosses iliaques, et se rétrécissant peu à peu, elles se terminent par des extrémités excessivement étroites, chacune d’elles se rattachant au didyme (διδύμος, ovaire) situé de son côté. C’est le nom qu’Hérophile donne au testicule. Le canal qui s’y rattache est analogue au parastate variqueux des mâles et que tout à l’heure nous appelions vaisseau spermatique (voy. note 4 de la p. 118). On y trouve aussi chez la femelle des plans musculeux[2], qui chez les mâles se portent des muscles hypogastriques aux testicules. Ainsi en cela encore la femelle possède toutes les parties qui existent chez le mâle (voy. chap. vi). Si chez elle les unes sont moins grandes, les autres plus grandes, il faut encore admirer en cela l’art de la nature, qui chez la femme n’a créé trop petite aucune des parties qui devaient être grandes, ni trop grande aucune des parties qui devaient être petites.

  1. Ici j’ai suivi les Mss ; le texte vulgaire est tout à fait altéré par l’omission du mot οὔδε.
  2. Voy., pour cette question, Cuvier, Anat. comparée, t. VIII, p. 28-30, et Dissert. sur l’anatomie.