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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XV, iv-v.

artère naît du cœur, et repose sur le milieu du rachis dont elle occupe toute la longueur. C’est donc à celle-ci que devaient aboutir et se rattacher les artères venant de la matrice dans le fœtus ; elles vont y déboucher et s’y rattachent effectivement ; ici encore la nature n’a évidemment rien fait en vain. Pourquoi donc ne les a-t-elle pas menées à la grande artère par le plus court chemin ? En effet, le chemin le plus court est le plus sûr et le plus habituellement adopté par la nature, comme il a été démontré dans les livres précédents (voy. IX, xiv ; XIII, v et ix) ; et faut-il ici encore admirer la prévoyance de la nature ? En fait de chemins, quand elle ne voit pas d’autre avantage [à une disposition contraire], c’est le plus court qu’elle choisit. S’il se trouve que la longueur du trajet offre plus de sécurité que sa brièveté, elle n’hésite pas à adopter le plus long. C’est pour ce motif que dans le cas actuel elle a préféré à un chemin abrégé mais dangereux un chemin plus long mais très-sùr. En effet, elle a évité avec raison de conduire directement de l’ombilic au rachis les artères, qu’il y en ait deux ou une, ne pouvant en aucune partie de leur trajet les appuyer sur aucun organe, circonstance à laquelle il faut encore ajouter que cette région était déjà occupée par les intestins et les reins. La vessie étant proche, surtout dans le fœtus (car chez ceux-ci le fond de la vessie adhère à la région ombilicale), il était aisé aux artères de monter d’abord par cet endroit, et le long de la vessie tout entière comme sur un support, pour faire ainsi route jusqu’à la grande artère. Mais elles n’y vont pas simplement, car cheminant sur un terrain convexe, elles n’auraient pu demeurer stables, n’étant retenues par aucun lien. Aussi la nature les a-t-elle rattachées toutes deux par de forts ligaments, chacune à la portion de la vessie qu’elle touche. C’est ainsi qu’elles arrivent sûrement jusqu’à la grande artère, comme si elles faisaient partie de la vessie elle-même. Telle est la prévoyance qui a présidé à l’arrangement des artères.

Mais pourquoi la veine se fixe-t-elle sur les parties concaves du foie (sillon transversal), et non sur les parties convexes ? Parce qu’en cet endroit était situé le canal de la bile (canal cholédoque), et qu’il était préférable que le sang fût purifié avant de se distribuer dans l’animal tout entier. Pourquoi, à partir de l’ombilic, la veine devient-elle unique, tandis que les artères de-