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DES PARTIES PROPRES AU FŒTUS.

n’ayant eu lieu entre des vaisseaux de différent genre, mais toujours les veines s’unissant aux veines et les artères aux artères.

Vous pouvez donc considérer cela comme une œuvre capitale de la nature, quand même je n’en ferais pas la remarque. En effet, que dans un si long circuit, parmi tant de vaisseaux mêlés les uns aux autres, jamais on ne trouve une veine qui vienne grossir une artère, ni une artère qui vienne grossir une veine, mais que toujours chaque espèce de vaisseaux se reconnaisse et s’unisse, c’est là une preuve d’un art admirable et non d’un hasard irréfléchi. En outre, que chez tous les animaux dont la nature est de bondir, comme les cerfs et les chèvres, les vaisseaux de nouvelle formation soient rattachés aux matrices, non par des membranes minces seulement, mais par des chairs visqueuses comme un enduit, n’est-ce pas là encore une preuve d’admirable prévoyance ? Si de plus ni veine ni artère ne s’insèrent sur le fœtus nulle part ailleurs qu’à l’ombilic, lequel occupe le centre de l’animal entier, cela non plus n’indique pas une habileté vulgaire. N’est-il pas admirable aussi que les veines ne dépassent pas le foie pour se fixer sur quelque autre viscère, et que les artères ne se portent pas ailleurs qu’à la grande artère (c.-à-d. aux artères iliaques primitives), laquelle naît du cœur lui-même ? L’intervalle qui sépare les vaisseaux n’a pas été non plus déterminé au hasard ; les vaisseaux ne s’insèrent pas sur les premières régions venues du foie et de l’aorte, mais les veines vont aux parties concaves du foie, et les artères à la partie de la grande artère voisine des lombes ; or, ce sont là les marques d’une habileté non méprisable. On peut voir, en effet, les veines, sitôt qu’elles ont franchi l’ombilic, se réunir l’une à l’autre et n’en former plus qu’une seule, puis cette veine unique revêtue de fortes membranes et rattachée aux corps voisins (cf. IV, xiii ; VI, xxi), continuer sa route jusqu’au viscère ; car elle devait arriver d’abord au principe des veines dans le fœtus, puis de là se distribuer partout. Pour les artères, elles devaient s’insérer sur le principe des artères, savoir, le ventricule gauche du cœur ; mais celui-ci étant fort éloigné de la région ombilicale, il y avait danger pour elles à accomplir, pour ainsi dire suspendues, un si long trajet. Qu’y avait-il de mieux à faire que de les mener par l’intervalle le plus court aux artères issues du cœur ? Or, la grande