Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
DES NERFS, DES ARTÈRES ET DES VEINES.

quoi la nature paraît observer si scrupuleusement cette loi dans toutes les parties, que jamais elle n’aurait ni un nerf petit ou dur à la partie qui doit être le siége d’une sensation plus parfaite, ni un grand nerf à celle qui n’a pas plus besoin de sensations que de mouvements énergiques, ni un nerf mou à celles dont l’utilité réside dans la vigueur du mouvement.

À chacun des yeux s’insère un nerf plus gros qu’à aucune des parties les plus volumineuses. On ne saurait non plus voir ailleurs un nerf plus mou, attendu que les yeux seuls, bien que ce soient des organes très-petits, exigeaient, vu l’importance de leur utilité, les nerfs les plus considérables et les plus mous. En effet, de tous les sens l’œil est le plus subtil et le plus parfait ; il apprécie de loin la plupart et les plus importantes des qualités inhérentes aux corps, la couleur et la grandeur, la forme, le mouvement, la situation, et en même temps la distance qui les sépare de l’œil du spectateur. Supposez des grains de millet répandus à terre en grand nombre, ou quelque autre corps plus petit encore, si vous pouvez d’abord distinguer exactement la position de chacun d’eux, puis les autres circonstances énumérées plus haut, vous admirerez, je pense, la perfection de ce sens, et la multitude de services qu’il rend aux animaux. En effet, supprimez ce sens et vous ne pouvez plus ni compter les grains de millet, ni distinguer leur couleur ou leur substance. Il discerne parmi les corps éloignés ceux qui se meuvent et ceux qui sont fixes, comment ils sont attachés entre eux ou écartés les uns des autres. Comme la sensation consiste dans l’affection (ἐκ τῷ πάσχειν, l’impression éprouvée), et le mouvement qui meut les nerfs avec les muscles dans l’action (ἐκ τῷ ποιεῖν), c’est avec raison que le nerf mou a été inséré dans l’œil, premier organe de la vision, et le nerf dur aux muscles qui le meuvent. — De la même façon la langue, partie également petite, a reçu de la nature les deux espèces de nerfs, le mou pour apprécier les saveurs, le dur parce qu’elle doit exécuter des mouvements nombreux et variés. — La nature a conduit à chaque oreille (oreille interne) un nerf mou, et elle a amené aussi des nerfs durs à ces mêmes oreilles (pavillon) destinées à se mouvoir. — Le nez a reçu des nerfs mous ainsi que les dents et tout le palais. En effet, ces parties avaient besoin d’une sensibilité exquise.

Mais si vous comparez ces nerfs mous à ceux de l’œil, ils vous