Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
203
ÉPILOGUE.

xi, 5 ; II, i, 2 ; Part. des anim., II, xvi] que l’animal, lorsqu’il trouve un fleuve profond ou un marais et que son corps est tout entier dans l’eau, lève sa trompe et respire avec cette partie, je reconnus la prévoyance de la nature, non-seulement parce qu’elle a bien fait toutes les parties des animaux, mais encore parce qu’elle leur a enseigné à en user. C’est ce que j’ai déjà démontré au commencement de tout mon traité (I, ii-iv).

Pour reconnaître l’art de la nature, il suffit à qui se propose de voir et de juger ses œuvres avec justice, mais non de les critiquer en les calomniant, d’examiner à l’extérieur l’ensemble du corps et de considérer les fonctions de chaque partie. Quelques personnes, en effet [Épicure et Asclépiade, cf. par ex. I, xxi et xxii], ayant commencé par admettre pour constituer la substance des corps des éléments inconciliables avec l’art de la nature, ont été conduites à lui faire la guerre. On peut apprendre par ce qui suit comment ces éléments ne sauraient être conciliés avec l’art de la nature. Ce qui doit façonner avec art un objet quelconque, est obligé ou de toucher extérieurement cet objet, ou de le pénétrer tout entier. Mais comme les atomes ou corps indivisibles qu’on admet et que quelques-uns tiennent pour des éléments, ne peuvent, suivant ces auteurs eux-mêmes, ni former quelque chose en se touchant extérieurement par quelque point, ni se pénétrer par leur totalité, il ne reste donc plus à ces atomes qu’à former l’assemblage des corps perceptibles aux sens, en s’enchaînant au hasard ; et, puisque les atomes se sont entrelacés au hasard, ils ont rarement produit quelque chose d’utile, souvent, au contraire, quelque chose d’inutile et de vain. Telle est donc la cause pour laquelle les gens qui prétendent que les corps premiers sont tels que le disent ceux qui font intervenir les atomes, nient l’artifice de la nature. Voyant clairement, en effet, que les animaux, considérés à l’extérieur, n’ont aucune partie inutile, ils cherchent, pour la contradiction, à trouver, soit à première vue, soit par l’anatomie, quelque chose qui paraisse inutile. Ce sont donc eux qui, par cette conduite, nous ont imposé la nécessité de tout expliquer et d’étendre notre démonstration jusqu’aux choses qui ne servent ni à la thérapeutique, ni au pronostic, ni au diagnostic des maladies, comme, par exemple, lorsque nous avons examiné quels et en quel nombre sont les muscles qui meuvent la langue (cf. XI, x, t. I, p. 673). Certes, il faut admi-