Aller au contenu

Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XVII, i.

diriez si la nature s’était trompée sur mille hommes et si elle n’avait réussi que pour un. Ne soutiendriez-vous pas alors que c’est l’œuvre du hasard et non de l’art quand elle réussit ? Ce serait encore à plus juste titre s’il s’agissait de milliers et non de mille. — Maintenant que ce n’est pas dans des centaines de mille hommes, mais dans des milliers de mille hommes que nous voyons une anomalie, vous ne craignez pas, usant d’une admirable justice envers la nature, de rapporter au hasard ce qui est régulier. Est-ce que, si vous assistiez à un concours de comédiens et de tragédiens (cf. Hoffm., l. l., p. 359), est-ce que, dis-je, vous déclareriez inhabile celui qui se tromperait une fois entre mille ? et jugeriez-vous un excellent artiste celui qui réussirait une seule fois ? Mais tout cela est évidemment un long délire et l’œuvre d’hommes qui cherchent honteusement à défendre les éléments qu’ils ont eu le tort d’invoquer au début ; et lorsqu’ils voient que cette ressource leur est enlevée, l’art de la nature étant constaté, ils sont forcés de se montrer impudents. Cependant il est superflu, ainsi que je le disais, de voir par la dissection toutes les parties intérieures, car une partie externe quelconque suffit pour montrer l’art de celui qui l’a faite. Il n’est pas nécessaire de dire combien l’égalité et l’utilité des sourcils, des oreilles ou des paupières, ou des cils, ou d’une pupille par rapport à l’autre, ou de quelque autre partie semblable, montrent la sagesse et en même temps la puissance de la nature, puisque la peau (δέρμα) qu’on trouve partout suffit à prouver son art.

Si on considère la peau isolément, et si on la voit continue dans la plus grande partie de son étendue, et présentant des ouvertures dans quelques endroits, on examinera si ces ouvertures sont pratiquées au hasard et ne donnent passage à rien de ce qui entre dans le corps et de ce qui en sort pour son avantage, ou bien si leur utilité est grande. L’une de ces ouvertures est faite en faveur des aliments et des boissons, et encore pour donner entrée à l’air ambiant, et l’autre pour la sortie des excréments liquides ou solides. Il y a de plus, avec la première ouverture, une route pour l’air à travers les narines, et avec la seconde, une voie d’excrétion pour le sperme. Il y a aussi d’autres canaux qui se portent des narines vers le cerveau, en vue de l’écoulement des superfluités. Le corps est encore percé ailleurs, afin de pouvoir