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ÉPILOGUE.

des quatre chevaux furent comptés mille fois par nous, et toutes les parties en paraissaient admirablement articulées à ceux qui pouvaient les voir ; cependant aucun de ces pieds n’avait une structure plus parfaite que la patte d’une puce. Mais, outre l’art qui se manifeste dans toute la patte d’une puce, qui vit, qui se nourrit et qui croît, on reconnaît une sagesse et une puissance plus grandes encore dans l’art de celui qui crée la puce, puisqu’il la forme, la développe et la nourrit sans effort. S’il y a un art si grand dans des animaux si vils qu’on pourrait les regarder comme ayant été créés par surcroît, quelle sagesse et quelle puissance ne faut-il pas supposer dans les animaux importants !


Chapitre ii. — Qu’on retire trois avantages principaux de cet ouvrage : Le premier, pour la connaissance de la puissance de l’utilité ; le second, pour le diagnostic et le pronostic des maladies ; le troisième, contre les sophistes. — Autre avantage secondaire pour la thérapeutique chirurgicale.


Tel est le plus grand avantage que nous retirons de ce traité, non pas en notre qualité de médecin (cf. Manuel des dissect., II, ii), mais, ce qui vaut beaucoup mieux, en notre qualité d’homme qui désire savoir quelque chose touchant la puissance de l’utilité, puissance que quelques philosophes déclarent être nulle, bien loin de croire qu’il y a une Providence pour les animaux. Le second avantage est en faveur du diagnostic des parties malades qui sont cachées dans la profondeur du corps, diagnostic pour lequel la connaissance des fonctions est également utile. Celui, en effet, qui sait que la marche est la fonction des jambes, que la coction des aliments est celle de l’estomac, voit aussitôt qu’une partie des jambes est lésée quand on ne peut plus marcher, ou qu’un point de l’estomac est affecté quand on ne digère pas du tout ou qu’on ne digère pas bien. Celui qui sait que le principe du raisonnement réside dans le cerveau reconnaît aussitôt que le cerveau souffre, soit primitivement, soit par sympathie ; qu’il existe un délire, une phrénitis, un léthargus, une manie, une mélancholie. Il en est de même pour l’utilité des parties que pour leurs fonctions ; car si la marche est suspendue parce qu’un nerf ou un muscle de la jambe est lésé, elle l’est également quand un os est brisé ou sorti de sa cavité propre. Mais si nous ignorons que c’est à l’aide des os que nous nous tenons sur nos jambes, nous ne saurons