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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, XVII, i-ii.

occupe l’air qui nous entoure ; puisque cet air participe à la lumière du soleil, il n’est pas possible qu’il ne participe aussi à sa puissance. Tout cela, je le sais, vous apparaîtra aussi bien qu’à moi, en considérant avec exactitude et justice l’art qui préside à la structure des animaux, à moins qu’il ne vous reste, comme je le disais, quelque opinion en faveur des éléments du tout qu’on a mis témérairement en avant. Aussi tout homme qui regarde les choses avec un sens libre, voyant un esprit habiter dans ce bourbier de chairs et d’humeurs, et examinant la structure d’un animal quelconque (car tout cela prouve l’intervention d’un ouvrier sage), comprendra l’excellence de l’esprit qui est dans le ciel. Alors ce qui lui semblait d’abord peu de chose, je veux dire la recherche de l’utilité des parties, constituera pour lui le principe d’une théologie parfaite, laquelle est une œuvre plus grande et beaucoup plus importante que toute la médecine.

La recherche de l’utilité des parties n’importe donc pas seulement au médecin, mais plus encore au philosophe qu’au médecin : au philosophe, qui tient à posséder la science de la nature entière ; car il doit être initié à tous ses mystères. Les hommes, considérés comme nation ou réunis en nombre, et qui craignent les Dieux, n’ont, que je sache, rien de semblable aux fêtes d’Éleusis et de Samothrace (cf. VIII, XIV, t. I, p. 502-3) ; cependant ces fêtes démontrent faiblement ce qu’elles sont destinées à prouver, tandis que les œuvres de la nature sont évidentes dans tous les animaux ; car ce n’est certes pas dans l’homme seul que vous découvrirez cet art dont je viens de parler. Mais la considération d’un animal quelconque vous démontrera tout autant la sagesse et l’art de l’ouvrier ; et plus l’animal sera petit, plus il paraîtra merveilleux, comme cela arrive pour les artistes qui travaillent les petits objets. On en trouve des exemples à notre époque. Ces jours derniers, un artiste a gravé sur un anneau Phaéton entraîné par quatre chevaux, avec leurs freins, leurs bouches, leurs dents et leurs pieds, toutes choses que je ne voyais pas, à cause de leur petitesse, avant d’avoir tourné la merveille vers une lumière brillante : encore, avec cette précaution, toutes les parties ne m’en apparaissaient pas, non plus qu’à beaucoup d’autres personnes. Si quelqu’un avait pu voir clairement, il aurait sans doute déclaré qu’elles avaient une parfaite symétrie. Les seize pieds