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VI


DES FACULTÉS NATURELLES.


LIVRE PREMIER[1].


Chapitre premier. — Distinction des animaux et des plantes, eu égard aux facultés qui les régissent.


Puisque la sensation et le mouvement volontaire sont propres aux animaux[2], tandis que la nutrition et l’accroissement sont communs aux animaux et aux plantes, ces opérations doivent être attribuées, les premières à l’âme, les secondes à la nature ; mais si l’on accorde aussi une âme aux plantes, et si, distinguant ces âmes, on nomme celle-ci âme végétative, et l’autre âme sensitive, cela revient encore au même ; seulement, on se sert d’un terme peu usité. Pour nous, convaincu que la plus grande qualité de la diction c’est la clarté, et sachant que rien ne détruit autant la clarté que l’emploi d’expressions inusitées, nous recourrons au langage habituel, et nous dirons que les animaux sont régis à la fois par leur âme et par leur nature, tandis que les plantes le sont seulement par leur nature. Nous dirons encore que l’accroissement et la nutrition sont les œuvres de la nature et non pas de l’âme.

  1. Comme cet ouvrage contient l’exposition des doctrines physiologiques de Galien, j’ai réservé toute la discussion qui s’y rapporte pour mon Introduction générale ; et je ne mettrai ici, au bas des pages, que quelques notes indispensables. — Ce traité est altéré dans les éditions ; la traduction latine dérive au contraire d’un meilleur texte et cette traduction est à son tour confirmée par les leçons d’un manuscrit du XIIIe siècle que possède M. le marquis de Trivulce à Milan, et dont M. le docteur Müller a bien voulu m’envoyer les variantes. Je suis heureux de remercier ici M. de Trivulce pour la gracieuse obligeance qu’il a mise à me laisser étudier ce manuscrit pendant mon séjour à Milan, et M. Müller pour l’empressement et le soin qu’il a mis à le collationner. — Voy. dans mes Notices et extraits des manuscrits médicaux ; 1re partie : Angleterre, 1853, 8o, p. 44-47 et 229-233, la réfutation très-vive que Siméon Seth a faite de plusieurs opinions soutenues par Galien dans le traité Des facultés naturelles.
  2. Voy. Aristote, De anima, III, xii.