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DES FACULTÉS NATURELLES, I, iii-iv.



Chapitre iii. — L’action de chaque partie provient du mélange des qualités élémentaires. — Discussion contre Aristote, suivant qui l’activité prédomine dans le froid et le chaud, et la passivité dans le sec et l’humide.


À mes yeux donc, la veine et chacune des autres parties paraissent avoir telle ou telle action, par suite de tel ou tel mélange des quatre qualités. Mais il est beaucoup de gens, philosophes et médecins, non sans réputation, qui attribuent l’action au chaud et au froid, et mettent sous leur dépendance, comme passifs, le sec et l’humide. Aristote (Phys., IV, iv), le premier, s’efforce de ramener les causes de toutes les choses particulières à ces principes ; opinion qu’adopta dans la suite l’École stoïcienne. Les Stoïciens, qui attribuent à des fusions et à des condensations la transformation des principes eux-mêmes les uns dans les autres, pouvaient logiquement faire du chaud et du froid des principes actifs. Il en est autrement d’Aristote. Comme il se sert des quatre qualités pour engendrer les éléments, il lui convenait moins de ramener à ces qualités toutes les causes particulières. Pourquoi donc dans ses ouvrages Sur la génération et la corruption (II, iii, iv), emploie-t-il les quatre qualités, tandis que dans ses traités Sur la météorologie (IV, i), dans ses Problèmes, et dans beaucoup d’autres écrits il n’en mentionne plus que deux ? Du reste, si quelqu’un avançait que dans les animaux et les plantes, le chaud et le froid sont plus actifs, l’humide et le sec moins actifs[1], il aurait peut-être l’assentiment d’Hippocrate ; mais s’il prétendait que dans toutes choses il en est de même, je pense que son opinion n’aurait plus l’approbation, je ne dis pas d’Hippocrate, mais d’Aristote lui-même, si ce dernier se réfère aux leçons qu’il a données dans son livre Sur la génération et la corruption, non pas avec une brièveté sèche, mais avec des démonstrations. J’ai examiné toutes ces questions dans mon ouvrage Sur les tempéraments, autant qu’il est utile pour un médecin (voy. Dissert. sur la physiologie).

  1. C’est-à-dire que le froid et le chaud sont principalement actifs, tandis que le sec et l’humide sont principalement passifs.