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Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/233

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DÉFINITIONS ET GÉNÉRALITÉS.

qui, nous le disions tout à l’heure (chap. v et vi), sont les éléments homoïomères et simples. De quelle façon acquièrent-elles une extension en tous sens, c’est ce que je vais dire en posant d’abord un exemple pour la clarté. Les enfants prennent des vessies de porc, les remplissent d’air et les frottent sur la cendre près du feu, de manière à les échauffer sans les endommager. Ce jeu est très-usité en Ionie et dans plusieurs autres pays. Pendant qu’ils frottent ces vessies, ils récitent des vers avec une certaine mesure, avec un son musical et un rhythme ; et toutes ces paroles sont une exhortation à la vessie pour qu’elle augmente de volume. Quand elle leur paraît assez distendue, ils la gonflent encore et la distendent de nouveau, puis ils recommencent à la frotter, et répètent à plusieurs reprises cet exercice jusqu’à ce que la vessie leur paraisse avoir atteint une grandeur suffisante. Mais il est clair, dans ces jeux des enfants, qu’autant la cavité interne de la vessie s’accroît, autant s’amincit nécessairement le corps même de la vessie. Si les enfants étaient capables d’épaissir (de nourrir, ἀνατρέφειν) le tissu devenu mince, ils agiraient comme agit la nature, en faisant d’une vessie petite une grande vessie. Mais cette œuvre pour eux est irréalisable, et elle ne saurait en aucune façon être imitée, je ne dis pas par des enfants, mais même par des hommes faits. Cet acte, en effet, est le privilège de la nature seule. Il est dès lors évident que la nutrition (intussusception) est nécessaire aux êtres qui s’accroissent ; car des corps qui se distendraient sans recevoir de nourriture acquerraient une fausse apparence d’accroissement, mais non un accroissement réel. D’ailleurs la distension en tous sens appartient aux seuls corps qui s’accroissent par une opération de la nature. En effet, les corps distendus par nous ne subissent l’extension que dans un sens ; dans les autres sens ils s’amoindrissent. On ne saurait trouver un corps, qui en demeurant continu et sans solution, puisse être étendu dans les trois dimensions. Il appartient donc à la nature seule d’étendre dans tous les sens un corps qui demeure encore continu et conserve toute son ancienne figure. En cela consiste l’accroissement, qui ne peut avoir lieu sans l’introduction et l’intussusception de l’aliment.