Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T2-1856.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
DÉFINITIONS ET GÉNÉRALITÉS.



Chapitre x. — La nutrition est une assimilation, c’est-à-dire un changement avec juxtaposition ; et comme les substances sont de diverse nature, et sont plus ou moins éloignées de la substance en laquelle elles doivent se transformer, il faut, pour les altérer, plusieurs instruments différents les uns des autres. La nécessité de séparer les superfluités, de les tenir en réserve et de les expulser, entraîne aussi l’existence d’organes particuliers. — Enfin le transport des aliments à travers le corps exige aussi une troisième espèce d’organes.


Je dois donc montrer que les organes relatifs à l’élaboration de l’aliment, et que les facultés de ces organes sont créés en vue de la faculté nutritive. En effet, comme l’action de cette faculté est l’assimilation, et que l’assimilation et la transformation, d’une substance dans une autre ne sont pas possibles pour toutes, s’il n’existe déjà dans leurs qualités un rapport commun et une affinité, il en résulte d’abord que tout animal n’est pas destiné à se nourrir de toute espèce d’aliments. De plus les aliments mêmes qui lui sont destinés ne servent pas à sa nourriture immédiatement ; à cause de cette nécessité, chacun des animaux a besoin de plusieurs organes altérateurs de l’aliment. La transformation du jaune en rouge ou du rouge en jaune n’exige qu’une altération simple et unique ; mais la transformation du blanc en noir ou du noir en blanc exige toutes les altérations intermédiaires. De même encore la substance très-molle ne saurait devenir immédiatement très-dure, ni la substance très-dure devenir à l’instant très-molle. Une substance fétide ne saurait non plus devenir parfumée, ni une substance parfumée devenir fétide en un moment. Comment donc le sang produirait-il un os si d’abord il ne s’épaississait et ne blanchissait considérablement ? Et comment le pain deviendrait-il du sang si peu à peu il ne dépouillait sa blancheur, et peu à peu ne prenait une teinte rouge ? Pour la transformation du sang en chair, elle est très-facile. En effet, si la nature l’épaissit au point qu’il prenne une certaine consistance et qu’il ne soit plus coulant, on a une chair de formation première et récente. Mais pour que le sang devienne un os, il est besoin d’un temps fort long, d’une élaboration et d’une transformation considérables. Que le pain, et bien plus encore la bette, et la laitue et les autres aliments semblables exigent une altération excessive pour devenir du sang, cela aussi ne fait pas de doute.