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DES FACULTÉS NATURELLES, I, xvii.

menti ; ils ont imité ces esclaves habituellement babillards et qui ayant maintes fois fait excuser leurs escapades, grâce à leur insigne subtilité, sont un jour pris en flagrant délit de vol, et ne trouvent plus aucune excuse. L’un d’eux, le plus timide, garde le silence comme frappé de stupeur ; l’autre, plus impudent, cache sous son aisselle l’objet réclamé et jure qu’il ne l’a jamais vu. De même Asclépiade, manquant des arguments d’un esprit subtil et ne pouvant plus recourir ici au transport vers la partie ténue de l’air, ni expliquer que la superfluité est engendrée par les reins comme la bile l’est par les conduits du foie ; sans exciter un fou rire, atteste par un mensonge manifeste que l’urine n’arrive pas aux reins, mais que sous forme de vapeur, elle s’accumule immédiatement de l’estomac dans la vessie. De ces deux hommes donc, aussi étonnés que les esclaves surpris en flagrant délit de vol, l’un a gardé le silence, l’autre a menti effrontément.


Chapitre iv. — Réfutation des opinions émises par les sectateurs d’Asclépiade et d’Érasistrate, ainsi que par Lycus le Macédonien sur la sécrétion de l’urine.


Parmi les modernes, ceux qui se sont honorés du nom de ces médecins, en s’intitulant disciples d’Érasistrate et d’Asclépiade, ont fait comme ces esclaves introduits par l’excellent Ménandre dans ses comédies, les Davus et les Géta, qui, dit-il, croient n’avoir rien fait de bon s’ils n’ont pas trompé trois fois leur maître. Ces médecins ont à loisir entassé d’effrontés sophismes, les uns pour prouver qu’on ne saurait convaincre Asclépiade de mensonge, les autres pour expliquer de travers les questions sur lesquelles Érasistrate s’est tu prudemment. Mais c’en est assez sur les disciples d’Asclépiade. Les disciples d’Érasistrate, s’efforçant d’expliquer comment les reins filtrent l’urine, font tous les efforts possibles et s’y prennent de toutes les façons dans le désir de trouver une cause vraisemblable qui ne soit pas l’attraction. Ceux qui ont vécu à une époque rapprochée d’Erasistrate disent que les parties supérieures aux reins prennent le sang pur, que la superfluité séreuse est entraînée par son poids et s’écoule par le bas, que ce sang filtré par les reins mêmes et par là devenu utile est envoyé dans toutes les parties inférieures aux reins.